Après cinq mois de joutes verbales entre la Fifa et le Brésil, l’heure de la mobilisation générale a sonné. Depuis quelques semaines, les yeux étaient rivés vers cette réunion cruciale tripartite du 8 mai à Zurich entre la Fifa, le gouvernement brésilien et le Comité organisateur local brésilien (COL) de la Coupe du monde 2014. Après six heures de discussions ardues, le verdict est tombé. On ne peut plus laisser les représentants sportifs brésiliens du COL, seuls, face à un tel défi que représente l’organisation de la Coupe du monde 2014 à moins de deux ans du Mondial.
Les représentants du COL - José Maria Marin (patron du football brésilien), Ronaldo et Bebeto - sont manifestement dépassés par l’ampleur du défi et des retards pris. Désormais, un membre du gouvernement brésilien et le représentant du Brésil à la Fifa s’installeront en permanence au sein du Comité organisateur local de la Coupe du monde. C'est une mesure presque historique, car c’est la deuxième fois dans l'histoire des Coupes du monde qu'un gouvernement participe à l'organisation d'un Mondial de football (après l'Afrique du sud en 2010). Comment en est-on arrivé là ?
La phrase malheureuse du haut responsable de la Fifa
Tout a commencé en janvier dernier. Le secrétaire général de la Fifa, le Français Jérôme Valcke, a donné l’alarme sur le retard pris par le Brésil en utilisant une phrase choc pour dire aux Brésiliens qu’ils devaient « se mettre un coup de pied dans les fesses » s’ils voulaient organiser une Coupe du monde digne.
Or, c’est l’inverse qui s’est produit. Vexés, les Brésiliens ont encore accentué les retards se perdant dans des querelles diplomatiques avec la Fifa sur le caractère inacceptable selon eux des propos du haut responsable de la Fifa. Ils n'en voulaient d'ailleurs plus comme interlocuteur. Il a fallu une rencontre au sommet à Rio entre le président de la Fifa, Joseph Blatter, et la présidente brésilienne, Dilma Rousseff, pour passer l’éponge sur les propos blessants et s’occuper du véritable enjeu, faire en sorte que le Brésil soit prêt le jour J.
Les travaux ont pris du retard
Quand on évoque les retards pris par le Brésil, cela concerne les grands travaux sur les infrastructures et les stades dans les douze villes hôtes. A tel point, que même le match d’ouverture du Mondial a semblé un moment comme menacé. L'ouverture du Mondial devait initialement se dérouler au stade de Morumbi de Sao Paulo. Or, les travaux pour sa modernisation sont tellement importants que la mairie a changé de projet en cours de route et a décidé de construire un nouveau stade dans un autre quartier de la ville (à Itaquera).
Même chose pour le match de la finale du Mondial 2014. Celle-ci doit se dérouler dans le stade mythique de Maracana, mais les travaux de réhabilitation ont été reportés fin 2013. Les infrastructures aéroportuaires inquiètent également : selon les audits, sur les treize aéroports qui accueilleront le Mondial, neuf ne seraient prêts qu’après le Mondial. On comprend mieux dans ces conditions la panique au sein de la direction de la Fifa et les critiques de son secrétaire général avouant que « nous sommes inquiets car rien n'est fait ou préparé pour recevoir autant de gens au Brésil ».
Les mesures prises à Zurich sont appréciées au Brésil
L’homme que le gouvernement brésilien a décidé, lors de la réunion du 8 mai à Zurich et sous la pression de la FIFA, de placer au cœur du Comité organisateur local (COL) s’appelle Luis Fernandes. Il est expert financier et secrétaire exécutif du ministère des Sports. M. Fernandes est « un homme de confiance de la présidente Dilma » et sera le « nouveau shérif du Mondial », estiment les commentateurs sportifs au Brésil, pour qui « on attend beaucoup de Fernandes, notamment qu’il se préoccupe des investissements faits avec les deniers publics ».
D’autres vont jusqu’à considérer que si cette mesure - de placer le COL sous le contrôle du gouvernement brésilien à travers son représentant Luis Fernandes - n’avait pas été prise, « l'organisation du Mondial aurait périclité ». Mais le dernier mot revient à Bebeto, ancienne vedette du football brésilien et membre du conseil d'administration du COL : « Cette intégration entre la FIFA, le COL et le Gouvernement fédéral est nécessaire. C'est cette union qui fait la force. Nous allons montrer au monde que nous sommes capables d'accueillir de grands événements ».