Est-ce que le Grand Prix de Bahreïn prévu pour le 22 avril sera annulé pour la deuxième année consécutive ? Si personne parmi les organisateurs et dans le pays hôte n’a pas encore la réponse, une chose est sûre, la question devra être tranchée à l’occasion du Grand Prix de Chine ce week-end (14 et 15 avril) car le temps presse.
Le Bahreïn devient une véritable épine dans le calendrier du Championnat du monde de Formule 1. L’année dernière ce pays du Golfe constituait un cas de conscience pour les pilotes. Le printemps arabe avait embrasé aussi le petit royaume peuplé majoritairement de chiites qui se sont soulevés. Pas question dans ces conditions de faire donner de la voix aux bolides pour étouffer celle d’un peuple qui réclamait plus de droits.
Les conditions de sécurité ne seraient pas remplies
Mais cette année le contexte est légèrement différent. La révolte, telle que l'on avait connue il y a un an a cessé, mais des villageois chiites chercheraient à profiter du Grand Prix de Bahreïn pour rappeler l’opinion internationale à leur bon souvenir… Un collectif de jeunes chiites qui avaient participé à la « Révolution du 14-Février » appelle ouvertement la population à s’en prendre au Grand Prix dont le circuit est situé dans une zone chiite particulièrement agitée.
Ces derniers jours, des émeutes y ont de nouveau éclaté après un attentat contre la police locale. Des sunnites ont même cherché à se faire justice en attaquant des chiites. A cela, il faut ajouter le destin en suspens du héros moderne des chiites, Abdel Hadi Khawaja, emprisonné à vie, mais qui peut mourir d’un jour à l’autre à cause d’une grève de la faim entamée depuis deux mois. Et si par malheur, le destin s’acharnait sur lui au moment même du Grand Prix, la colère de ses partisans pourrait tout balayer…
Ecclestone est pour le maintien de la course
Dans ce contexte délicat et tendu, les écuries ne cachent pas leur réticence à se rendre au Bahreïn. La seule voix discordante, mais qui compte plus que les autres, est celle de Bernie Ecclestone, le fondateur de 82 ans de la Formule 1 et patron de la Formula One Management. «Je ne vois pas pourquoi ce serait dangereux d'aller à Bahreïn » dit celui qui tient les cordons de la bourse de la F1. En ajoutant : « Quand nous entrons dans un pays, nous ne nous préoccupons pas de la religion ou de la politique. S'il s'agissait d'un concert pop, les gens seraient là et chanteraient. »
Les autorités du Bahreïn se veulent bien évidemment de leur côté confiantes et rassurantes à propos de la sécurité. Mais la décision finale doit aussi recueillir l’approbation de la Fédération internationale de l'automobile (FIA) dirigée par le Français Jean Todt, ancien patron de l’écurie Ferrari. Décision attendue donc lors du Grand Prix de Chine. Toutefois, si la course au Bahreïn était maintenue, les pilotes, ironise l’un d’entre eux, se rendraient certainement au circuit avec leurs bagages, afin de pouvoir déguerpir sur le champ, dans le cas où la situation avec les chiites venait à mal tourner…