Le très sérieux site Internet d’investigation Mediapart affirme dans son édition du jeudi 28 avril 2011 que la Fédération française de football (FFF) souhaite fixer des quotas raciaux dans ses centres de formation et en équipe de France : « Plusieurs dirigeants de la Direction technique nationale de la FFF, dont le sélectionneur des Bleus, Laurent Blanc, ont approuvé dans le plus grand secret, fin 2010, le principe de quotas discriminatoires officieux dans les centres de formation et les écoles de foot du pays. Objectif: limiter le nombre de joueurs français de type africains et nord-africains. »
Citant des sources internes à la FFF, Mediapart souligne que lesdits quotas, fixés à 30%, visent des joueurs de 12, 13 ans. Une politique qui aurait été instaurée dans le cadre d’une réflexion plus large sur le football pratiqué en France après l’échec du Mondial 2010. Un football privilégiant trop les profils athlétiques – propres aux joueurs africains selon les stéréotypes repris dans l’enquête – au détriment de l’intelligence de jeu des joueurs « petits blancs ». « Qu’est-ce qu'il y a comme grands, costauds, puissants ? Des Blacks, aurait conclu Laurent Blanc lors d’une réunion le 8 novembre dernier. C'est comme ça. C'est un fait actuel. Dieu sait que dans les centres de formations et les écoles de football, il y en a beaucoup ».
Les binationaux cibles de Laurent Blanc
S’il est avéré que la DTN et Laurent Blanc souhaitent réformer le jeu à la française, l’entraîneur tout comme la FFF contestent les affirmations de Mediapart. « Laurent Blanc récuse ces propos ineptes et contraires à sa philosophie. Il est outré qu'on puisse le mettre en cause de la sorte, toute discrimination étant insupportable à ses yeux », a ainsi indiqué Philippe Tournon, chef de presse de l'équipe de France. Ce dernier rappelle en outre que le « Président » n’a jamais attaqué les joueurs d’origines africaines : « Un problème, abordé par Laurent Blanc, est celui des joueurs qui possèdent une double nationalité, qui passent trois ans en préformation en France, puis partent ensuite à l'étranger sous d'autres maillots. » Souvent en Afrique comme le Sénégalais Moussa Sow, meilleur buteur de Ligue 1 avec 21 réalisations, pointé du doigt par Blanc.
Le sélectionneur et la FFF ont immédiatement été pressés de réagir par la ministre des Sports, Chantal Jouanno : « Je prends acte du démenti de la FFF quant à l'existence d'une telle politique et je l'invite à faire très rapidement toute la lumière sur ces allégations. Je sais que Fernand Duchaussoy, le Président de la FFF sera intransigeant et qu’il prendra toutes les mesures nécessaires sans délai. » L'article de Mediapart sera abordé lors du conseil fédéral, l'instance dirigeante de la Fédération, ce vendredi 29 avril. Il vaudrait mieux : le dossier assure aussi que les participants à la fameuse séance ont pointé du doigt les origines ethniques et religieuses des meneurs – Evra, Ribéry… – lors de la grève de l’entraînement à Knysna, en pleine Coupe du monde 2010.