Après huit matches disputés à la tête des Bleus, Laurent Blanc a au moins trois certitudes avant de défier la Croatie au Stade de France, ce 29 mars 2011 : « Demain ce sera Hugo Lloris qui jouera. Il a besoin de confirmer, de s'affirmer (dans la cage). Je peux déjà vous dire que le gardien et la défense – enfin, je précise, la défense centrale – seront les mêmes que contre le Luxembourg. »
Lloris et la paire Adil Rami-Philippe Méxès sont devenus les seuls titulaires indiscutables en équipe de France depuis que Laurent Blanc a succédé à Raymond Domenech. A la pointe de l’attaque, Karim Benzema n’est pas loin de l’être non plus. Surtout depuis son printemps avec le Real Madrid. En défense, à droite, Bacary Sagna reste en pole position même sans prestations transcendantes. A gauche, la tendance est plus floue entre les ennuis de santé d’Eric Abidal, le statut de revenant/repenti de Patrice Evra et le déclassement de Gaël Clichy. Et dans l’entrejeu, à la récupération, Alou Diarra, Abou Diaby et Yann M’Vila ont tous trois donné satisfaction.
Un quatuor de créateurs pas inspiré
En revanche, en matière d’animation offensive, les Bleus se cherchent encore malgré six victoires en huit rencontres et 12 buts inscrits depuis le Mondial 2010. La forme du moment n’a rien à voir là-dedans. Le cas de Florent Malouda est emblématique : transparent en sélection même quand il survolait tout sur son flanc gauche chez les Blues de Chelsea. Samir Nasri non plus n’a pas toujours été irrésistible dans l’axe, à gauche ou à droite alors qu’il réussit sa meilleure saison à Arsenal. Tout l’inverse de Yoann Gourcuff, fantomatique à Lyon, mais efficace devant le but chez les Tricolores, à défaut de l'être à la passe et au dribble. Reste enfin Franck Ribéry qui revient tout juste après sa mise à l’écart de l’équipe de France post-grève à Knysna.
Que faire de ces quatre joueurs, voire de Jérémy Menez ? Laurent Blanc a cherché un subtil équilibre au Luxembourg (victoire 2-0) en éliminatoires de l'Euro 2012. Le quatuor n’a pas donné sa pleine mesure loin de là. L’idée d’associer trois créateurs et un ailier n’était pourtant pas ridicule dans la mesure où Malouda et Gourcuff savent aussi (bien) défendre, que Ribéry est moins un meneur de jeu que Nasri. Mais les milieux se sont marchés sur les pieds. Quels changements apporter alors à Saint-Denis?
Les expérimentations se poursuivent
« L’équipe sera différente de celle du Luxembourg, prévient Laurent Blanc. En match amical, il y a la possibilité de faire six changements. A la fin, on arrivera à ce que tous les joueurs aient joué au moins un des deux matches ». Menez ou Loïc Rémy devraient donc débuter à droite et/ou rentrer en cours de partie dans un système qui passera peut-être du 4-5-1 au 4-4-2.
Lorsqu’il entraînait les Girondins de Bordeaux, Laurent Blanc affectionnait ces deux schémas tactiques. En équipe de France, aucun n’a vraiment fait la différence. Celui à cinq milieux de terrain offre plus de garanties défensives. Mais dans le cœur du jeu, qui est aussi le cœur du problème pour les Bleus, les réponses peinent encore à se dessiner. Face à une athlétique et technique équipe croate, les Français ont l’occasion de progresser dans leurs réflexions offensives. A défaut d’avoir d’autres certitudes.