De notre envoyé spécial à Johannesburg,
Japon-Paraguay, le 8e de finale le plus inattendu du Mondial 2010 fut aussi le plus indécis et… le plus ennuyeux. Alors que les six premiers matchs de ce tour avaient offert 3,5 buts en moyenne, cette confrontation inédite entre deux « petits poucets » du football s’est achevée sur un triste 0-0. La loterie des tirs au but permettant finalement aux Paraguayens de se qualifier pour les premiers quarts de finale de leur histoire après trois tentatives infructueuses.
Le Japon tire sur la barre
Entre deux équipes désireuses de ne pas se faire prendre en contre, la partie débute sans grosse pression sur les défenses. Si les Paraguayens tiennent d’abord le ballon, il faut attendre la 20e minute pour s’enflammer : l’attaquant paraguayen Barrios hérite du ballon dos au but, se retourne et tente un extérieur du droit que le gardien Kawashima repousse. Dans la foulée, le japonais Daisuke Matsui, à trente mètre du but adverse, frappe un ballon qui passait par là : son tir se fracasse sur la barre transversale (21e).
Le Paraguay entame ensuite une légère période de domination au cours de laquelle seul Santa Cruz se montre dangereux… involontairement. Récupérant le ballon au point de penalty sur corner, l’avant-centre de Manchester City, surpris, tire précipitamment sur la gauche de la cage (28e). En fin de première mi-temps, les Japonais, qui finissent plus fort, exploitent mal un contre à trois contre trois. Honda choisit de tirer aux seize mètres alors qu’un partenaire était mieux placé à sa gauche. Son tir passe largement à droite (39e).
Certes, les joueurs ne font pas preuve de mauvaise volonté mais l’enjeu semble l’emporter sur le jeu. Les attaques ne sont pas menées à fond. On cherche avant tout à ne pas se découvrir. Et voilà comment ce Paraguay-Japon devient le premier des 8e de finale à ne compter aucun but à la mi-temps… et au coup de sifflet final. Car la seconde période sera à peine plus animée que la première.
Le Paraguay gagne à la loterie
A la 50e minute, un une-deux entre les Paraguayens Morel et Ortigoza est bien écarté par l’arrière-garde nippone. A la 56e minute, un contre rapide pour le Paraguay, permet à Benitez de tirer, mais Nakazawa se jette pour dévier en corner. Deux minutes plus tard, c’est encore Benitez qui centre en retrait, et toujours Nakazawa qui repousse. Les tentatives sont toutefois timides, à l’image des têtes de Riveros (59e), côté paraguayen, et Tulio (63e), côté nippon.
A défaut d’être passionnant dans le jeu, ce 8e de finale est plein de suspense entre deux équipes très proches l’une de l’autre. En fin de temps réglementaire, le Japon est encore une fois plus en jambes. Honda se montre dangereux sur le côté droit par ses accélérations. Villar, le portier sud-américain, est obligé de repousser du poing un bon centre pour Okubo (82e). Et alors que les deux équipes entament la prolongation, on se demande comment elles pourraient marquer tant les défenses ont pris le pas sur des attaques sans percussion, auxquelles il manque tout simplement des talents de très haut niveau, capables de faire la différence individuellement.
Les trente minutes supplémentaires offrent plus d’espace mais les vingt-deux acteurs continuent de pécher dans la dernière passe comme dans la finition. Seuls Honda, en tirant directement un coup franc excentré (99e), et Barreto, qui met le ballon juste au dessus de la barre transversale à la suite d’un cafouillage dans la surface nippone (100e), apportent un peu d’émotion dans cette partie morose. La décision se fait finalement aux tirs au but. A ce jeu cruel, le Japonais Komano touche la barre et le Paraguay le gros lot : un quart de finale contre le vainqueur de Portugal-Espagne, samedi 3 juillet à Johannesburg. Il lui faudra alors autre chose que de la chance pour continuer sa route.