Dominer n’est pas gagner. Ce cliché footballistique s’est une fois de plus vérifié, cet après-midi, à Durban, à l’occasion du dernier match de la première journée de la Coupe du monde. Donnée largement favorite, l’Espagne a tenté en vain de tromper une équipe suisse bien organisée en défense et dangereuse en contre.
Le scénario du début de rencontre était prévisible. Avec cinq Barcelonais dans ses rangs, l’Espagne fait tourner le ballon et donne des tours de reins aux arrières latéraux adverses. Dans ce match à sens unique, David Villa se met en évidence sur une chevauchée solitaire (10e), puis Sergio Ramos tente une incursion à droite avant de tirer du gauche, à côté (17e). Les Suisses, qui évoluent sous les yeux de leur compatriote Joseph Blatter, président de la Fifa, se montrent alors incapables de relancer au-delà du rond central. Preuve de la sérénité espagnole, Gerard Piqué se permet de dégager un centre du talon.
Les Suisses dépassés
La plus belle occasion de la première mi-temps revient au même Piqué dont la tentative de près est repoussée par le genou du gardien helvétique Benaglio (25e). Une minute plus tard, Ziegler, sur coup franc, oblige Casillas à s’y reprendre à deux fois pour se saisir du ballon. Ce sera la seule alerte pour le gardien ibérique dans les 45 premièr
es minutes. Acculés sur leur but, les Suisses jouent en reculant sous la pression de l’entrejeu espagnol et n’hésitent pas à brusquer les lutins Iniesta et Xavi. Dépassés physiquement, les hommes d’Ottmar Hitzfeld tiennent grâce à leur organisation défensive et leur solidarité. Juste avant la mi-temps, Villa, parti en profondeur, bénéficie d’une superbe occasion : seul face au gardien, il pique le ballon mais manque la lucarne. Une action qui résume le jeu espagnol : dominateur mais trop imprécis dans le dernier geste. Malgré une possession de balle de 66%, les joueurs de Del Bosque n’ont cadré que trois tirs sur sept.
Dans une seconde période partie sur des bases inchangées, les Suisses bénéficient d’un contre à la 52e minute. Profitant d’un bon travail de Derdyok, Gelson Fernandes récupère le ballon et le glisse dans la cage de Casillas. Un but et un blessé à zéro : le défenseur espagnol Piqué est touché à l’arcade sourcillière par un crampon volant durant l’action.
L’Espagne coupée en deux
La fin du match se résume à une attaque-défense au cours de laquelle l’Espagne va lentement se couper en deux, s’exposant dangereusement aux contres suisses. Tour à tour, David Villa, du gauche, et Sergio Ramos, de la tête, vont échouer devant le but adverse. La rentrée de Torres à la place de David Silva pour la Roja n’y changera
rien. Benaglio et sa défense font bonne garde alors qu’Iniesta manque de réussite sur un bijou de tir qui tutoie le poteau (63e). Le camp suisse connaît une frayeur à la 70e lorsqu’une frappe de Xabi Alonso s’écrase sur la transversale, et un fol espoir cinq minutes plus tard quand Derdiyok, après avoir éliminé l’arrière-garde espagnole, trouve le poteau gauche de Casillas d’un bel extérieur du pied droit.
Oubliant quelque peu leur jeu collectif durant les ultimes minutes, les Espagnols ne trouveront jamais l’ouverture. Malgré la défaite, ils ont développé un jeu chatoyant, digne d’un favori. La Suisse, de son côté, rejoint le Chili, vainqueur du Honduras plus tôt dans la journée (1-0), et peut nourrir des espoirs de qualification.
Jean Damien Lesay, envoyé spécial à Johannesburg