C'est une prouesse médicale qu'a réalisée l'équipe du professeur Emmanuel Martinod, chef du service de chirurgie thoracique à l’hôpital Avicenne de Bobigny, en région parisienne. Elle est parvenue à utiliser un morceau d’aorte, qui est un canal sanguin, pour remplacer un bout de trachée, un conduit respiratoire, et a réussi à guérir des patients qui vivaient avec une trachéotomie.
Pour ce faire, les chirurgiens ont utilisé une partie d’aorte abdominale, prélevée sur un donneur décédé, et ont inséré un « stent », une sorte de petit ressort métallique, afin de rigidifier le conduit. Une fois la greffe réalisée, la magie du corps humain a opéré : l’aorte s’est transformée en trachée. « La fonction a créé l’organe », résume le professeur Martinod. La couche cellulaire à la surface de la trachée s’est reconstituée, ainsi que du cartilage à l’intérieur.
Le « stent » a alors pu être retiré. Et aucun traitement antirejet n’est nécessaire, car l’aorte n’induit que très peu de réactions immunitaires, précise le médecin.
De 2009 à 2017, 13 patients présentant des pathologies incurables de la trachée ou un cancer pulmonaire qui aurait nécessité une ablation du poumon, ont ainsi bénéficié de ce type de greffe aortique, pour la trachée ou pour une bronche. Un est décédé. De l’avis de certains spécialistes, ces transplantations d’un nouveau genre ouvrent une voie très prometteuse.