Paris, Rio, Ouagadougou: marche mondiale contre les OGM et Monsanto

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi 23 mai 2015 contre le géant américain de biotechnologies agricoles Monsanto, et plus particulièrement contre les organismes génétiquement modifiés (OGM), les pesticides et d'autres produits chimiques. Des rassemblements étaient prévus dans quelque 400 villes du monde et une quarantaine de pays. Des évènements plus ou moins suivis, mais qui tous ensemble font légion.

• En France, des partisans de l'agriculture écologique pour tous

Samedi après-midi à Paris, des centaines de personnes ont participé à la Marche mondiale contre Monsanto, appel annuel initié en mai 2013 par un collectif d'associations écologistes, le collectif citoyen Les Engraineurs. « Monsanto, on est là ! Monsanto, on est là ! », criait la foule dans les rues de la capitale française, tous déterminés à résister au diktat du fabriquant de semences génétiquement modifiées.

« Il faut apprendre la résistance, et entre autres, la résistance contre les OGM, explique un manifestation à notre reporter Aram Mbengue, en brandissant une photo d'une vieille dame qui manifeste pour la même cause au Brésil. C'est l'une des premières résistances de notre époque, c'est un assassinat économique et il faut se battre un peu plus encore. »

Résister et défendre une alimentation saine pour les générations actuelles et à venir, c'est ce qui a motivé cette famille qui bat le pavé avec trois générations réunies. « Je suis la grand-mère, il y a mon fils et mon petit-fils », explique la femme. « C'est un combat qui concerne toutes les générations, et c'est très important que chacun soit motivé du plus jeune âge au plus vieux », renchérit le petit-fils.

Un autre manifestant dit défendre le droit à la santé : « Je défends la santé, une bonne alimentation, manger sain, et surtout l'idée que ce n'est pas Monsanto qui fait ce qu'il veut du vivant. On est là, je ne veux pas laisser passer les choses. Ça, ce sont des grands groupes qui font un peu ce qu'il veulent, et l'Europe laisse faire, la France laisse faire. Il faut vraiment réagir, il ne faut pas laisser faire ça. »

Une agriculture écologique pour tous, voilà ce que réclament les manifestants de la Marche mondiale contre Monsanto à Paris.

• Au Burkina Faso, le refus des « inconvénients » d'une science en évolution

A Ouagadougou, un demi-millier de personnes se sont réunies aussi. Le pays est directement concerné par les cultures OGM : la production de coton transgénique a été introduite avec l'appui de Monsanto en 2009. Les manifestants demandent un moratoire de plusieurs années aux autorités, le temps d'évaluer le risque réel sur la santé des cultures transgéniques.

Dans la bouche des militants du Collectif citoyen pour l'agroécologie, florilège de slogans rapporté par notre correspondant Yaya Boudani : « Monsanto, non ! Ma santé, oui ! » ; « Les OGM, la solution qui devient problème ! » Blandine Sankara, de l'association Yelemani, interpelle : « Comment, aujourd'hui, un pays comme le Burkina peut-il accepter des OGM chez nous ? Nous n'avons pas les moyens de prendre en charge les problèmes de cancers, les problèmes de santé publique dans notre pays. »

Selon les organisateurs, la firme Monsanto entend introduire du maïs et du sorgho génétiquement modifiés dans les champs et cela amplifie l'inquiétude de certains éleveurs. Ousmane Tiendrebeogo, secrétaire générale du Syndicat national des travailleurs de l'agro-pastoral (Syntap), traduit cette inquiétude : « Il y a eu un moment où... les bêtes mouraient à force de brouter les tiges de coton OGM. »

Les organisateurs de la marche, qui ont remis un mémorandum au gouvernement transitoire burkinabè, souhaitent l'arrêt de la culture transgénique pendant dix ans, le temps de poursuivre la réflexion et les recherches. Jean-Didier Zongo, professeur de génétique et d'amélioration des plantes, explique : « On refuse ça. D'abord parce que c'est une science en pleine évolution ; les inconvénients sont immenses et on ne sait pas encore comment les contrer. »

Selon le conseiller technique du ministre en charge de l'Agriculture, le mémorandum des manifestants sera examiné avec « la plus grande attention ».

• Au Brésil, l'emprise de Monsanto n'est-elle pas déjà trop grande ?

Le Brésil, voilà un endroit où les semences Monsanto sont omniprésentes. Ce pays, géant agricole mondial, est aussi l’un des plus gros utilisateurs d’agrotoxiques. Samedi, les marches organisées au Brésil contre Monsanto et les OGM n'ont pourtant pas eu l’effet escompté par les associations. Quelques milliers de manifestants se sont rassemblés dans les grandes villes ; à peine quelques centaines de personnes à Rio de Janeiro, guère plus dans la capitale économique Sao Paulo.

La bataille contre les OGM et les agrotoxiques ne fait pas partie des priorités des Brésiliens, qui en sont de très grands utilisateurs et consommateurs, explique notre correspondant à Rio François Cardonna. Au Brésil, les OGM sont autorisés depuis 2003. Le pays est le deuxième producteur mondial de soja, qu’il exporte en Europe et en Chine et près de 90 % de sa récolte est génétiquement modifiée, plus de la moitié des semences de maïs aussi. Même niveaux observés concernant le coton.

Le Brésil occupe la deuxième place au classement mondial des utilisateurs de produits agrotoxiques, juste après les Etats-Unis. Les multinationales du secteur, comme Monsanto, y sont fortement implantées. L’alimentation des Brésiliens est largement issue de l’agriculture OGM.

Un projet de loi est d’ailleurs en cours de discussions au Parlement. Il vise ne plus obliger l’affichage d’une mention OGM sur les produits qui en contiennent. Les députés ont déjà voté en faveur de ce texte à une large majorité. Le projet attend encore l’approbation du Sénat pour entrer en vigueur.

 

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