L’inexorable lutte contre le paludisme et autres maladies vectorielles

«  Investir dans l’avenir. Vaincre le paludisme », c’est le slogan de la journée mondiale de lutte contre le paludisme. Un slogan qui ressemble étonnement à celui d’il y a deux ans. Aujourd’hui, le paludisme tue encore même si les efforts mondiaux ont permis de sauver plus de 3 millions de vies depuis 2000 et le combat n’est pas gagné rappelle l’OMS.

A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le paludisme, il est essentiel de rappeler que le combat n’est pas gagné. Il faut d’urgence trouver des fonds supplémentaires afin de répondre au thème de l’édition de cette année « Investir dans l’avenir…. vaincre le paludisme ». Les maladies transmises par un vecteur, qu’il soit moustique, mouche, tique, punaise ou autre organisme qui permet de véhiculer le parasite d’un sujet à l’autre, continuent de représenter une menace pour la santé. Elles sont susceptibles d’être graves et responsables de 17% des maladies infectieuses.

Plus d’un milliard de personnes est infecté par ces maladies à transmission vectorielle. Plus de la moitié de la population mondiale y est exposée. Elles provoquent plus d’un million de décès chaque année. Au sein du Lamivect, Laboratoire Mixte International sur les maladies à Vecteur de Bobo Dioulasso, des chercheurs du Sud et des chercheurs du Nord s’intéressent à des pathologies beaucoup moins connues que le paludisme. Pour certaines, elles semblaient même disparues de nombreuses régions. C’est le cas de la Trypanosomiase Humaine Africaine ou maladie du sommeil. On la redécouvre d’ailleurs depuis deux décennies, en Afrique de l’Ouest. Des pathologies évitables parmi lesquelles encore la Dengue, l’Encéphalite japonaise, la Leishmaniose, la Fièvre jaune, le Chikungunya, la maladie de Chagas, la Schistosomiase ou Bilharziose, la Filariose lymphatique ou Elephantiasis, l’Onchocercose ou cécité des rivières, qui sont des maladies vectorielles qui touchent principalement les populations pauvres du globe.

Prévention et recherche fondamentale

Les chercheurs s’ingénient à découvrir des systèmes novateurs, en terme de pièges. Comme par exemplen le fait d'attirer le moustique vers l’homme tout en interceptant l’insecte au niveau de la fenêtre afin qu’il ne puisse pas atteindre sa cible ou encore d’un point de vue biologique. Ou alors en s’intéressant davantage au moustique mâle en le stérilisant ou encore trouver le moyen de soigner l’anophèle, le moustique femelle, avant qu’elle ne pique et transmette le parasite.

Pour les besoins de la recherche et quelle que soit la maladie, l’élevage des vecteurs est donc une part essentielle. Au sein du Lamivect, une usine de glossines ou mouches tsé-tsé - qui peuvent transmettre la THA – répond à une demande importante et grandissante de spécimens pour des essais grandeur nature de lâchers d’insectes stérilisés par irradiation dans des territoires infestés. A Bobo Dioulasso, un autre lieu de reproduction est dédié aux moustiques. Ces derniers sont utilisés également afin d’étudier leur comportement face à des insecticides ou des changements environnementaux.

Selon l’OMS, plus d'un milliard de personnes est infecté et plus d'un million meurt de maladies à transmission vectorielle chaque année. Des pathologies qui intéressent les chercheurs depuis de nombreuses années mais beaucoup moins les bailleurs de fonds. L’Assemblée mondiale de la santé a mentionné ces pathologies dans une résolution basée sur la feuille de route de l’OMS, lors de sa dernière réunion.

La dengue, le chikungunya refont surface

Depuis deux décennies, les maladies à transmission vectorielle se sont propagées dans de nouvelles parties du monde. Le paludisme est réapparu pour la première fois depuis 40 ans en Grèce, après la réduction des fonds destinés aux programmes de pulvérisation. La dengue, transmise elle aussi par un moustique, touche désormais une centaine de pays et menace plus de 2,5 milliards de personnes, soit plus de 40 % de la population mondiale. Elle a été signalée dernièrement en Chine, au Portugal et dans l’Etat de Floride, aux États-Unis. Il faut donc relancer la lutte contre les vecteurs pathogènes en favorisant un meilleur approvisionnement en eau potable, ainsi qu’en renforçant les mesures d'hygiène et d'assainissement qui sont les principales stratégies, selon l’OMS, pour le contrôle, l'élimination et l'éradication de ces maladies tropicales négligées.

« Personne au XXIème siècle ne devrait mourir de la piqûre d'un moustique, d'un phlébotome, d'une simulie ou d'une tique »

Et pourtant, la Schistosomiase, une maladie chronique provoquée par des vers parasites que l’on peut contracter dans des eaux infestées lors d’activités agricoles, domestiques ou même de loisirs, est la plus répandue de toutes les maladies à transmission vectorielle. Elle affecte près de 240 millions de personnes dans le monde. Les enfants qui vivent et jouent près de sources d'eau infestées en sont les principales victimes. Elle peut être jugulée par un traitement de masse régulier des groupes à risque au moyen d'un médicament sûr et efficace.

Autre pathologie très répandue, l'onchocercose, une maladie transmise par une petite mouche noire. Elle représente la deuxième cause infectieuse de cécité dans le monde. Si des maladies évitables comme le paludisme, la dengue, la leishmaniose et la fièvre jaune représentent un impact lourd parmi certaines populations les plus pauvres du monde, la moitié de la population mondiale est exposée notamment à cause de l’augmentation des voyages, du commerce et des migrations, et le nombre des personnes vulnérables augmente.

Pour en savoir plus

→ L'article Maladie du sommeil : le génome de la mouche tsé-tsé décodé sur le site de l'IRD

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