Doha: un accord minimaliste qui ne modifie pas le climat de la planète

Avec plus de 24h de retard, les 193 représentants des pays de la Convention des Nations unies sur le climat sont parvenus à un accord samedi 8 décembre au soir pour lutter contre la progression des changements climatiques. Cet accord obtenu vraiment au dernier moment alors qu’une partie des participants avaient déjà pris l’avion et grâce à un coup de pression des organisateurs qatariens. Un accord à l'arraché et décevant selon les défenseurs de l'environnement.

Avec notre envoyée spéciale à Doha, Anne-Cécile Bras

Le but était de définir les bases d’un accord juridiquement contraignant pour tous les pays. Un accord qu’ils se sont engagés l’année dernière à signer en 2015 pour l’appliquer en 2020. La dynamique est lancée mais ce sont ses bases qui ne sont pas assez solides

Le protocole de Kyoto par exemple a été prolongé jusqu’en 2020. Pour Andre Correa do Lago, le négociateur en chef du Brésil, c’est essentiel car c’est le seul outil qui oblige légalement les pays à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Mais il n’y a que l’Union européenne et l’Australie qui se sont engagées sur une seconde période et elles ne produisent que 15% des émissions.

Comment financer le fonds vert ?

Autre grand enjeu : le financement. La perspective de mobiliser 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 pour alimenter le fonds vert destiné à aider les pays les plus vulnérables à s’adapter aux conséquences des changement climatiques et à atténuer leurs émissions de gaz à effet de serre, est bien affirmée. Mais d’où viendra l’argent ?

Les pays en voie de développement voulait un objectif de mi-période : 60 milliards par an à partir de 2015. L’Union européenne et les Etats-Unis ont refusé. C’est pourtant le montant de la rallonge budgétaire que Barack Obama a demandé au Congrès pour les sinistrés de l’ouragan Sandy. Dur à avaler...

Pour Connie Hedegaard, la commissaire européenne au Climat, l'accord obtenu est «une avancée modeste mais essentielle».

Déception des ONG

Pour Kumi Naidoo, le directeur de Greenpeace international, le faible niveau d'ambition de l'accord de Doha risque de diminuer le développement de la croissance verte. «Malheureusement cette conférence n’envoie pas le signal qu’elle devrait idéalement envoyer. En particulier au monde des affaires qui doivent commencer à reconcevoir leur méthode de production pour se tourner vers une économie peu consommatrice de carbone, une économie verte.» Selon lui, les entreprises évoluent en matière de consommation d'énergie «vers cette nouvelle économie sobre en carbone en développant des capacités technologiques dans les domaines des énergies renouvelables.» Mais la conférence n'a pas été sufisamment incitative en la matière. «Elle leur a pas donné l’impulsion dont ils ont besoin. Un signal clair pour faciliter leur développement. Donc nous allons voir les émission de CO2 augmenter durant les prochaines années. Je pense que les Etats-Unis sont un bon exemple. Ils n’ont pas signé le protocole de Kyoto et quand on regarde ce qu’ils ont mis sur la table, ce qu’ils considèrent être 13% de réduction d’émission. En réalité, rapporté à 1990, c’est seulement 4%» ajoute Kumi Naidoo. L’histoire tranchera.

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