Le Cnes embarque pour le 7ème Continent, le continent "plastique"

Planète plastique, trop c’est trop !... Le Centre National d’Etudes Spatiales (Cnes) s’implique dans cette expédition "7ème continent" par le biais du projet baptisé Argonautica. Guidée par des satellites high-tech, une goélette française des années 1930 va prochainement partir à la découverte d’une gigantesque plaque de déchets plastiques flottant sur l'océan Pacifique … Une sorte de "continent", grand comme six fois la France ! Ces eaux étant peu concernées par la navigation marchande et le tourisme, le problème n'intéresse encore à ce jour que les écologistes et les scientifiques.

Du plastique, du plastique et encore du plastique … « La communauté internationale ne s'en soucie guère pour l'instant », déplore l'explorateur Patrick Deixonne qui s’est déclaré « choqué par les déchets rencontrés dans l'océan » lors de sa participation à une course en solitaire transatlantique à l'aviron en 2009 ! Du coup, le navigateur a décidé de monter une expédition scientifique baptisée "7e continent" dont l'objectif est de sensibiliser l’opinion à l’ampleur de la « catastrophe écologique » en cours dans le nord-est du Pacifique.

Cette expédition, dont le départ est prévu le 1er mai de San Diego, amènera Patrick Deixonne et ses co-équipiers à la rencontre de la "soupe plastique", ou Great Pacific Garbage Patch comme on l’appelle, du Nord-Est de l’océan Pacifique.

« On estime à plusieurs dizaines de millions de tonnes les quantités de déchets dans chacun des cinq gyres du globe », explique Georges Grépin, biologiste et conseiller scientifique d'OSL : ce sont « essentiellement des micro-déchets de plastique décomposé en suspension sur 30 mètres de profondeur. Ce n'est pas un continent sur lequel on peut marcher au sens propre », précise-t-il.

Deux satellites pour mesurer la densité de cette masse de déchets

La goélette sera guidée par deux satellites de la Nasa, Aqua et Terra, pour se rendre là où la concentration de déchets est la plus forte afin d'en mesurer la densité, avec des prélèvements d'eau, de planctons et de matériaux. Un capteur réalisé par des élèves ingénieurs sera testé dans une bouée dérivante. Il doit permettre à terme de distinguer dans l'eau les plastiques des planctons et autres particules vivantes, puis de cartographier les zones polluées grâce à l'imagerie satellite, ce qui serait une première mondiale.

Douze bouées dérivantes d'études scientifiques de l'agence américaine National oceanic and atmospheric administration (NOAA), du programme d'étude des océans de l'Unesco et du projet jeunesse Argonautica seront également lâchées durant le parcours pour permettre à des milliers d'étudiants dans le monde de mener une étude des courants marins.

Un agglomérat de déchets formé au point de rencontre de courants marins qui s'enroulent sous l'effet de la rotation de la Terre, selon le principe de la force de Coriolis, et qui forment un immense vortex appelé "gyre". La force centripète aspire lentement les détritus vers le centre de cette spirale qui serait l'une des plus importantes connues sur la planète: 22.200 km de circonférence et environ 3,4 millions de km², selon le Centre national des études spatiales (Cnes) qui parraine le projet.

Jusqu'à présent, hormis un passage de la mission Tara-Océans dans la zone pour y prélever du plancton, seules deux expéditions américaines l'ont étudiée, en 2006 et 2009.

Pour en savoir plus :

- / suivi en direct de l’expédition « 7ème continent »

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