Les Forêts tropicales humides s'invitent au CBN de Brest

A compter du 1er avril 2012, les serres tropicales et le Pavillon d'accueil du Conservatoire botanique national de Brest, implanté dans le Vallon du Stang-Alar (Bretagne, ouest),  invitent les visiteurs à mieux connaître les Forêts tropicales humides. Cette exposition organisée en collaboration avec les chercheurs de l'IRD et du Cirad devrait réjouir tous les amateurs de botanique, les faisant voyager dans le bassin de l'Amazone et du Congo, le sud-est asiatique et en Océanie !

Oui, les forêts tropicales humides sont de véritables cathédrales vertes où évoluent des écosystèmes extrêmement riches et diversifiés; oui, elles jouent un rôle capital dans l'équilibre de la planète et sont indispensables à la vie sur Terre; oui, elles sont pourtant aujourd'hui fortement menacées et il appartient à tous de trouver un mode de gestion durable pour concilier leur exploitation et leur préservation.

Comme un hommage rendu aux grands explorateurs partis de Brest au 18ème siècle et qui rapportèrent des curiosités de leurs grandes expéditions, le CBNB (1), premier établissement dans le monde entièrement dédié à la Conservation de la flore menacée, consacre cette nouvelle exposition temporaire à la découverte de forêts qui arborent de nos jours les continents africain, latino-américain ainsi que le bassin indo-pacifique.

Quelque 400 espèces d'arbres sur un hectare ...

Un tour du monde en deux salles d'exposition et une serre suffisent à expliquer que les forêts tropicales humides représentent un tiers des massifs forestiers mondiaux... et une variété considérable d'espèces. Dans ces hauts lieux de biodiversité évolue toute une faune : des mammifères, des insectes et des oiseaux; il y pousse des milliers de plantes épiphytes qui vivent en symbiose avec d'innombrables espèces d'arbres -jusqu'à 400 espèces pouvant se partager un même hectare de forêt!

Des forêts vulnérables et en danger ...

Pourtant, ces forêts qui sont la mémoire de la Terre et, qui couvraient, au début des années 1990, quelque 10 millions de km² sont menacées, victimes de déforestation massive. Dominique Dhervé, l'actuel directeur du CBNB le déplore et interpelle le public sur leur vulnérabilité : « Ces espaces qui ont constitué des zones refuge au gré des glaciations et des extinctions massives sont actuellement grandement menacés par les activités humaines, les apétits d'espace et les exploitations de ressources mal gérées : ils couvrent actuellement moins de 7% des terres émergées de la planète

Cartels, plaquettes et parcours pédagogiques invitent les petits et les grands à prendre conscience d'une dynamique encore en cours : «  Ces forêts qui représentent presque un tiers des massifs forestiers du monde hébergent les 2/3 des espèces terrestres. Et, en libérant de l'oxygène indispensable à toute vie sur terre, ces forêts représentent un enjeu essentiel pour l’ensemble de la planète et la vie de l'humanité». Un enjeu essentiel pour la régulation du climat et la gestion des stocks de carbone.

Forêts tropicales humides, un musée in situ de l’Evolution ...

Avec cette exposition, à visée 'pédagogique', le CBNB tout à la fois laboratoire de recherche et arche de Noé d’espèces en danger donne autant à voir qu’à réfléchir sur notre responsabilité dans la sauvegarde des espèces végétales les plus vulnérables « qu'elles soient d'ailleurs originaires des îles océaniques ou du grand ouest français », explique Dominique Dhervé.

Sur « plus de 80 000 espèces végétales identifiées comme étant en voie de disparition dans le monde », selon les chercheurs du CBN, quelque 1900 espèces sont choyées au sein de ce conservatoire. C'est aux botanistes du CBNB que le Crinum Mauritianum, par exemple, une herbacée aux fleurs blanches endémique de l'île Maurice -et qui a disparu de son milieu d'origine suite à la construction d'un barrage, doit son salut. Grâce à des graines recueillies à la surface de l'eau, la plante est aujourd'hui maintenue en conservation au CBNB dans l'attente d'une possible réintroduction dans son milieu d'origine, à l'instar du Cylindrocline Lorencei qui a bénéficié d'un d'un sauvetage in extremis grâce à l'utilisation des biotechnologies et qui est en cours de rapatriement sur sa terre natale ...

Pour en savoir plus :

Sites de

- de l'Institut de recherche pour le Développement

- du Cirad

- l’UMR AMAP, Botanique et bio-informatique de l’architecture des plantes

Sur l’échelle de la vulnérabilité des espèces, il existe plusieurs graduations :

  • LC pour “faiblement menacé” (least concern)
  • EW pour “éteint en milieu naturel” (extinct in the wild)
  • EN pour “en danger” (endangered)

 

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