« Il n'y a pas d'eau! La situation est critique: non seulement ici sur le Bas-Danube, mais aussi plus haut: en Hongrie, en Autriche, en Allemagne », a déclaré Ivan Ivanov, directeur adjoint de la compagnie bulgare de navigation fluviale. Or l'arrivée de l'hiver fait peser une nouvelle menace: « Aucune précipitation n'étant prévue, les eaux du Danube gèleront quand le froid viendra », a estimé Ivan Ivanov. Un phénomène observé pour la dernière fois en Bulgarie en 1985!
Si les pays proches de l'embouchure du fleuve souffrent le plus de cet assèchement du lit fluvial, le transport de marchandises est également perturbé en amont, en Autriche et en Allemagne : selon l'institut météorologique autrichien Zamg, ce mois de novembre 2011 fut le plus sec depuis le début des mesures effectuées en 1858 !
Selon l'Agence bulgare d'exploration du Danube, qui fait état de plusieurs sections très problématiques sur ce cours d'eau long de 2.860 kilomètres, le rétrécissement du chenal est désormais tel qu’une seule barge au lieu de six peut passer. Les ports fonctionnent à capacité réduite. Le transport de cargaisons sur le Danube ne constitue présentement plus qu'un quart du volume habituel -le reste des cargaisons passant par voie routière ou ferroviaire. La navigation sur le canal Rhin-Main-Danube vers la mer de Nord a aussi été sensiblement réduite au cours des dernières semaines. En Roumanie, les autorités du port de Galati (sud-est) ont fait état « d'opérations intenses de dragage pour maintenir les niveaux de profondeur minimum » permettant la navigation.
Le Saint-Laurent souffre lui aussi des variations climatiques...
Globalement, les changements climatiques accentuent les pressions qui s’exercent sur les cours d’eau constituant des artères vitales de commerce et d’échange. « Les niveaux d'eau du Saint-Laurent varient chaque saison ; le ratio précipitations/évaporation varie notamment en fonction des températures estivales. Or, les épisodes de canicules, où de très faibles précipitations sont enregistrées et où l'évaporation est accrue, semblent s'allonger et devenir plus fréquents », soulignait déjà en 2007 le site officiel du ministère de l’Environnement québécois.
La relation entre le climat, l’hydrologie et les écosystèmes aquatiques est forte. Elle devient de plus en plus problématique avec des températures annuelles qui montent et une évaporation qui augmente, des hivers qui raccourcissent et des couvertures de glace qui deviennent de plus en plus courtes. Le phénomène n’est pas nouveau. « De tout temps, le système Grands Lacs–Saint-Laurent a subi les variations hydrologiques imposées par les conditions climatiques. Alors que les hauts niveaux étaient sujets d’inquiétude dans les années 1970 et 1980, les années 2000 pourraient connaître des périodes plus fréquentes de bas niveaux que par le passé. Bien qu’il soit toujours particulièrement difficile de gérer les extrêmes, la gestion de la sécheresse représente le plus grand défi (…) » concernant les intérêts économiques et écologiques, témoigne le site environnemental québécois Francvert … avec des bouleversements qui pourraient engendrer une baisse chronique des niveaux d’eau des Grands Lacs de 0,2 à 0,7 m.
Et au sud, le fleuve Congo ...
Au sud, les problématiques sont les mêmes : ces derniers mois le fleuve Congo a atteint son niveau le plus bas depuis une cinquantaine d’années, notamment au niveau du Bas-Congo, où l’étiage était extrêmement sensible. En juin 2011, la régie des voies fluviales publiait un communiqué dans lequel il était rapporté que « le fleuve Congo connaissait depuis le mois de mai 2011 son plus bas niveau jamais enregistré. »
Actuellement « les pluies reviennent, surtout au Nord Ouest de la République démocratique du Congo, particulièrement dans les provinces de l’Equateur, du Bandundu et dans la Province Orientale», selon les informations livrées sur le site congolais. Le niveau du fleuve remonte et permet à l’activité économique de reprendre elle aussi son cours avec le trafic fluvial sur le fleuve Congo et ses affluents et la reprise de la production en énergie hydroélectrique!