Tout s’est bien passé. La fusée est sortie de l’atmosphère sans encombre. Les trois premiers étages de la fusée ont déjà été largués dans l'Atlantique. Le quatrième et dernier étage du lanceur, qui contient en fait les deux satellites de Galileo, vole donc seul vers son objectif final.
On pourra dire que ce lancement est totalement réussi lorsque les deux satellites auront atteint leur destination finale, à plus de 23 000 kilomètres d’altitude, vers 11h20 heure locale, 16h20 heure de Paris.
C’est la première fois qu’une fusée russe Soyouz décolle de ce pas de tir en Guyane. Un incident n'est donc jamais exclu. On a d'ailleurs pu le constater hier avec l'anomalie de remplissage en carburant de la fusée qui a obligé à reporter le lancement de 24 heures. Un report qui aurait coûté environ 300 000 euros.
Mais si tout va bien, le lanceur russe devrait mettre en orbite les deux premiers satellites de la constellation Galileo pour l'Union Européenne -le GPS européen en chantier depuis si longtemps… Une fois opérationnel, il permettra donc la conduite assistée ainsi que la transmission de données par satellite. Mais les Européens sont allés plus loin : Galiléo devrait permettre une meilleure précision et une meilleure couverture du réseau pour l’ensemble des utilisateurs.
Un projet hors norme
Il s'agit d'un projet hors norme qui a été pensé au début des années 2000. Il a fallu choisir le terrain du pas de tir, à Sinnamary, à quelque 12 kilomètres des ensembles de lancement d’Ariane, établir des accords intergouvernementaux entre Russes et Européens, signer les contrats en 2005, construire un gigantesque portique mobile, adapter la fusée aux conditions guyanaises et, comme c'est le cas dans tous ces types de chantier, il a fallu faire face à bien des surprises !
Cette opération marque un tournant : elle signifie que l’agence spatiale européenne (ESA) et Ariane Espace, qui gèrent le site spatial de Kourou, pourront désormais utiliser des fusées Soyouz pour leurs propres tirs et utiliser ce lanceur moyen, plus petit qu’Ariane, pour mettre en orbite des petits satellites et des satellites moyens, typiquement les satellites d’observation de la Terre ou de géo-localisation comme Galileo. L’offre du site est donc agrandie et complétée. Pour mémoire, Kourou, proche de l’Equateur, est un sité idéal pour placer en orbite les satellites géostationnaires qui restent toujours au-dessus du même lieu sur la Terre.
Il est vrai que l’industrie spatiale russe a récemment connu des déboires avec l'échec de plusieurs lancements. Roskosmos avait suspendu jusqu'à nouvel ordre tous les vols de fusées Soyouz, à la suite de l'échec, le 24 août 2011, du lancement d'un vaisseau cargo Progress qui devait ravitailler l'ISS. Un échec qui ne devrait pas peser sur ce lancement, selon Jean Marc Astorg.
Notons enfin que le lancement de Soyouz à Kourou marque une collaboration stratégique inédite à ce niveau entre Russes et Européens.
Avec 98% de réussite, Soyouz reste un lanceur très très fiable.