Ouagadougou, près des trois quarts des agriculteurs et des pépiniéristes utilisent des ordures ménagères telles que plumes de volaille, écailles de poisson, ou bien des vidanges de fosses septiques, etc. comme substrats organiques pour re-fertiliser leurs sols. Recyclage utile mais recyclage qui comporte quelques risques.
Implications, contraintes et attentes du secteur
« L’année 2008 a marqué un tournant dans la croissance et la répartition de la population dans le monde : pour la première fois, plus de la moitié de l’humanité vit en ville. Cette population urbaine continue de croître rapidement, particulièrement en Afrique et en Asie. En 2050, 20% des citadins seront africains – ils ne sont que 4% à l’heure actuelle », expliquent les chercheurs de L’IRD. Qui dit démographie en expansion dit également consommation et déchets de toutes sortes en augmentation. Alors, que faire de tous ces détritus ?
Dans « un contexte de forte dégradation des sols et d’engrais chimiques coûteux », recycler les ordures pour mieux cultiver et nourrir une population croissante se présente apriori comme une démarche innovante et positive ; mais, la pratique requiert néanmoins des précautions d’usage car « une utilisation directe des déchets urbains peut présenter de graves problèmes sanitaires. Pour y remédier, les municipalités doivent miser sur la sensibilisation et sur l’accessibilité aux composts (*) », afin d’assurer la sécurité alimentaire.
71 % des agriculteurs utilisent les déchets urbains solides
Les chercheurs ont mené, depuis 2007, des enquêtes sur sept sites de la capitale burkinabè, regroupant la majorité des acteurs : céréaliers, maraîchers, et pépiniéristes, qui cultivent des plants de fleurs ainsi que des arbres fruitiers ou d’embellissement.
D’après ces travaux, 71 % des agriculteurs et 73 % des pépiniéristes utilisent les déchets urbains solides. Seuls 17 % des maraîchers font appel à ce type de substrats, leur préférant les fumiers d’élevage urbains, plus chers mais plus riches en éléments fertilisants comme l’azote et le phosphore. La nature et la quantité des déchets produits varient selon les périodes de l’année, les revenus des ménages et les quartiers.
Améliorer la disponibilité des différents substrats est donc un point sur lequel les municipalités pourront travailler. Par ailleurs, et pour une revalorisation agricole saine de ces déchets, les gouvernements et municipalités devront également privilégier l’accessibilité aux composts, rendre leurs coûts abordables et promouvoir leur utilisation.
(*) Le compostage est un procédé biologique qui convertit par fermentation des déchets organiques en un produit semblable à un terreau, riche en composés humiques, le compost.
Pour en savoir plus :
Consulter la fiche de l'IRD de ces travaux réalisés en partenariat avec des chercheurs de l’Université de Ouagadougou et de l’INERA (Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles) au Burkina Faso, de l’INRA et du CNRS.