L’essai sera fait sur un échantillonnage aléatoire en double-aveugle : les participants seront tirés au sort pour déterminer s'ils recevront soit la molécule soit un placebo (produit sans principe actif). « C'est une étude pragmatique, c'est-à-dire dans la vraie vie », a indiqué le Pr Jaury, médecin libéral et professeur de médecine générale à Paris-Descartes. Elle devrait être conduite en ambulatoire auprès de 300 patients répartis sur huit centres en France.
« Notre hypothèse est que le placebo marche à 20% et que le baclofène marche entre 40 et 50%", a déclaré le Pr Jaury. Le critère de jugement ne sera pas obligatoirement l'abstinence. Il y a aussi la consommation dite normale selon les normes de l'OMS », a-t-il ajouté.
Une étude attendue depuis longtemps mais en panne de financement …
La popularité de ce médicament a explosé en 2008 avec la publication du livre Le dernier verre d'Olivier Ameisen. Ce cardiologue, devenu alcoolique, y racontait son auto-expérimentation de ce médicament et comment, pris à de très fortes doses, il avait supprimé son envie de boire. Mais les sociétés savantes et associations intervenant dans le champ de l'alcoolisme (Fédération française d'addictologie, Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie...) réclamaient une évaluation scientifique de cette molécule dans le traitement de la dépendance à l'alcool. Le lancement d'un essai clinique était donc évoqué depuis longtemps, mais achoppait jusqu'ici sur le financement, s'agissant d'une molécule déjà ancienne et passée dans le domaine public.
L'essai piloté par le Pr Jaury est un Programme hospitalier de recherche clinique (PHRC), financé par des fonds publics et le budget précis sera connu en septembre prochain.