Radioactivité : de quoi parle-t-on exactement et quelles sont les mesures sécuritaires ?

Après les incendies survenus à la centrale nucléaire japonaise de Fukushima, la défaillance de l’étanchéité des gaines contenant des substances radioactives volatiles a entraîné l’échappement de particules radioactives invisibles et inodores qui se sont répandues dans l’environnement. Quel est l’impact de ces pollutions radioactives sur l’organisme humain ? Comment se protéger en cas d’urgence ?

(Avec nos remerciements au Professeur Edgardo Carosella, chef du service de recherche en hémato-immunologie à l'hôpital Saint-Louis de Paris et directeur de recherche au CEA.)

« Le niveau de radioactivité près de l'entrée du site varie grandement d'heure en heure à des niveaux qui continuent à être nocifs pour la santé », expliquait jeudi 16 mars 2011 le porte-parole du gouvernement, Yukio Edano.

Les vapeurs qui s'échappent contiennent de l’iode et du césium, susceptibles d’entraîner des maladies graves. Ces émissions de particules radioactives se déposent partout dans l’environnement et contaminent les murs des maisons, l’eau et les sols. Les substances les plus lourdes tombent rapidement et les autres se diluent dans l’atmosphère.

On distingue différents types d’expositions :

* L'exposition aux rayonnements radioactifs des personnes se trouvant proches de la source. On parle alors d « irradiation ».

* Les particules radioactives se comportent comme de la poussière qui se répand dans l’environnement et sur les individus. Il s’agit de « contamination externe » : celles-ci se déposent sur les cheveux, les vêtements et la peau, mais aussi sur les sols et sur les murs des maisons.

* Si une personne inhale ou ingère des aliments ou des liquides contaminés, les particules radioactives pénètrent dans l’organisme. La pénétration de ces éléments radioactifs dans le corps humain constitue « une contamination interne » et l’exposition radioactive se prolonge … jusqu’à leur élimination.

L’inhalation ou l’ingestion de ces substances radioactives agissent sur les cellules des organes contaminés (glande thyroïde, tube digestif, poumons etc ) ; plus la dose d’exposition est élevée, plus la probabilité du risque de développer ultérieurement un cancer est importante.

Dans le cas d’une irradiation du système hémato-poïétique (*) et principalement la moelle osseuse (ce dernier donne origine à toutes les cellules sanguines -globules rouges, globules blancs, plaquettes-) des cancers liquides (tels que les leucémies) peuvent apparaître quelques années après l’irradiation, car l’essentiel des tumeurs radio-induites ou leucémies sont liées à des mutations dans l’ADN cellulaire causées par l’irradiation. Enfin une irradiation très importante (supérieure à 1000 millisievert) peut entraîner une aplasie (*) de la moelle osseuse.

En cas d’accident, quatre mesures efficaces et sécuritaires sont préconisées :

- Une mise à l’abri en se réfugiant dans un lieu clos, calfeutrant portes, fenêtres et système de ventilation. Les matériaux des maisons agissent comme un écran -ce qui n'est pas le cas d'un véhicule.
- Une évacuation de la population après le passage des rejets radioactifs dans un périmètre d'une dizaine de kilomètres autour de la source.
- Une prise de "comprimé d’iode stable" pour saturer la glande thyroïde (la glande thyroïde joue un rôle dans le développement de l’enfant et la régulation du métabolisme chez l’adulte.), sachant qu'il peut y avoir des risques (rares) d'allergie à l'iode.
- Puis, en phase post-accidentelle : éviter de consommer et commercialiser des aliments contaminés. (légumes, laitage …)

A partir de quelle dose reçue, un individu se trouve-t-il en danger ?

Il faut savoir que chaque année on reçoit des doses d’irradiation comprises entre 2 et 3 millisievert.
Les études épidémiologiques montrent que chez des personnes irradiées, il y a danger au-dessus de 1000 millisievert. Mais chaque individu est unique et génétiquement différent et la radiosensibilité peut varier d’un individu à l’autre..

(*)

- Système hémato-poïétique : cellules hématopoïétiques: cellules souches à l'origine des cellules du sang.

- L'aplasie est l'arrêt du développement d'un tissu (regroupement de cellules)

* ! Pour en savoir plus :

Consulter le site de l'Institut national de sûreté nucléaire qui a mis en place un outil en ligne, Criter, pour vérifier le taux de radioactivité en France, depuis Internet

Se reporter également aux sites du

- Réseau national de mesures de la radioactivité de l’environnement

- / effets biologiques des rayonnements ionisants

- / aspects médicaux et sanitaires

- Commissariat à l'énergie atomique (CEA)

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