Les autorités rwandaises tentent d'enrayer la croissance démographique galopante susceptible de remettre en cause les acquis économiques de l'après-génocide (1994), sur un modèle volontariste caractéristique du régime du chef de l'Etat Paul Kagame.
Dans le cadre d'un vaste programme national de planning familial, la solution préconisée , parmi d'autres, est celle de la vasectomie sans scalpel, une intervention chirurgicale bénigne mais très efficace pour rendre les hommes stériles. Une technique qui consiste à couper et bloquer les canaux qui transportent les spermatozoïdes à partir des testicules, entraînant une stérilisation complète du patient.
L'opération est rapide, peu coûteuse et comporte peu de complications : « Cela prend environ 15 minutes et c'est sans douleur. Nous utilisons seulement une petite aiguille, sous anesthésie locale », explique Leonard Kagabo, l'un des médecins du programme.
Le projet rwandais a soulevé dans un premier temps une polémique, plusieurs articles de presse affirmant que les autorités avaient déterminé un objectif chiffré du programme, 700.000 vasectomies sur trois ans. Un parti d'opposition avait ainsi accusé le gouvernement « d'émasculer les pauvres ». Mais, Agnes Binagwaho, la numéro 2 du ministère de la Santé a assuré qu'il « n'y a pas d'objectif de 700.000 vasectomies et il n'y en aura jamais. Fixer de tels objectifs pour des solutions de planning familial de cette nature constituerait une violation des droits de l'Homme et serait contraire à l'éthique ».
Par ailleurs, des spécialistes s'inquiètent des effets pervers d'une politique visant à généraliser les vasectomies, susceptible selon eux d'entraîner une diminution de l'usage des préservatifs et de provoquer une recrudescence des maladies sexuellement transmissibles. Mais, pour Fidel Ngabo, responsable pour la puériculture et la santé de la
mère et de l'enfant au ministère, des campagnes de prévention adéquates permettront de contrer cette menace : « Nous prodiguons toujours des conseils sur le VIH-sida et le planning familial en même temps, parce qu'ils sont indissociables. En ce qui concerne la vasectomie, l'assistance se fait avant et après l'opération », détaille Fidel Ngabo, pour qui l'évolution de la société rwandaise et la pression démographique sur les ressources limitées du pays plaident pour le contrôle de la natalité.
« 80% de notre population vit de la terre, souligne Fidel Ngabo. Par le passé, plus un paysan avait d'enfants, plus il était riche. Mais ça a radicalement changé. A présent, plus d'enfants engendre plus de frais de scolarité et de santé pour le paysan et moins de terre en héritage pour chaque enfant ».