Les chercheurs ont étudié les taux de mortalité dans 30 pays européens entre 1989 et 2006. Ils ont constaté que la moitié des 30 pays étudiés ont enregistré une baisse de plus de 20% des taux de décès. Seules la Grèce, l'Estonie, la Lettonie et la Roumanie ont connu une augmentation.
Philippe Autier, principal responsable de l'étude, explique la baisse de la mortalité par « une combinaison de choses assez efficaces qui se sont cumulées dans les 20 dernières années » : stratégies de dépistage, traitements de plus en plus efficaces et standardisation dans la prise en charge, avec des équipes multidisciplinaires et expérimentées.
Résultats "décevants" en France et "catastrophiques" en Europe centrale ...
Cette combinaison a été « très efficace au Royaume-Uni », souligne-t-il, mais a aussi bien fonctionné en Norvège, aux Pays-Bas, ou en Autriche. Le Royaume-Uni se distingue par ses bons résultats, avec une baisse de 35% pour l'Angleterre et le Pays de Galles, 29% pour l'Irlande du Nord et 30% pour l'Ecosse. Philippe Autier explique les faits par une forte mobilisation dans la lutte contre ce cancer car, assure-t-il, les Britanniques étaient « fortement choqués par leur taux extrêmement élevé de mortalité par cancer du sein à la fin des années 1980, et ils ont pris le taureau par les cornes ».
« Il y a trois pays qui vraiment nous ont surpris, la Suède (-16%), la Finlande (-12%) et la France », déclare le chercheur. Les résultats français (-11%) ont déçu au regard des efforts réalisés (Plan Cancer) et des investissements importants dans ces pays en matière de dépistage puisqu'on relève proportionnellement quatre fois plus de mammographes et de prise en charge en France qu'en Angleterre. Les résultats ne sont pas à la hauteur : « Là, il y a un énorme besoin de revoir le système. C'est la seule chose qu'on puisse dire », ajoute Philippe Autier. Mais, espère-t-il, au vu des tendances, « dans deux ou trois ans, l'Angleterre aura une mortalité par cancer du sein inférieure à celle de la France ». Quant aux pays d'Europe centrale, « c'est plutôt catastrophique », commente-t-il en pointant essentiellement des questions financières.