Iter est un programme expérimental (International Thermonuclear Experimental Reactor) dont le projet consiste à construire pour la première fois sur terre un réacteur à fusion thermonucléaire, à l’image de ce qui ce passe sur le soleil pour produire de la chaleur et donc de l’énergie quasi illimitée et beaucoup plus propre qu’avec la fission nucléaire qui génère des déchets radioactifs, sources de pollution pour des milliers d’années ...
Cette technologie est le résultat de 40 années de recherche internationale comme l’explique Michel Chatelier du CEA (Commissariat à l’énergie atomique) : « Pour reproduire les conditions de températures qui existent au cœur du soleil et qui permettent la combustion de matières très légères que sont l’hydrogène sur le soleil et les isotopes de l’hydrogène sur la terre que sont le deutérium et le tritium. Or, pour reproduire ces conditions de chaleur qui, sur le soleil, se chiffrent en millions de degrés, la technique consiste à fabriquer des grands aimants que l’on appelle des ‘tors’ et qui permettront d’atteindre ces conditions sur la terre. »
Cette technologie est aussi la promesse d’une énergie abondante pour Michel Chatelier du CEA « car le deutérium se trouve dans l’eau de mer et le lithium qui permet de produire le tritium nécessaire à la réaction sont des produits qui sont en abondance sur la terre et qui offre des perspectives énergétiques extrêmement grandes. »
Le calendrier d’Iter
L’idée de produire de l’énergie par ce procédé date du début des années 1980 et l’Europe était pionnière en la matière quand les présidents Reagan, Gorbatchev et Mitterrand (Etats-Unis, Russie et France) ont décidé de réaliser un grand projet de fusion thermonucléaire ensemble qui aboutit à un premier projet en 1998. Mais il faudra attendre 2004 pour que le programme soit officiellement lancé dans sa forme actuelle.
Ce programme prévoit de rentrer dans sa phase de construction au mois d’août prochain à Cadarache pour une dizaine d’année et sera suivi d’une dizaine d’années supplémentaires d’expérimentation avant que l'on puisse passer à une phase industrielle. Si les résultats de ces différentes phases sont positifs, l'exploitation de cette énergie verra le jour au mieux en 2050.
Les membres du programme Iter
Le projet Iter regroupe la Communauté européenne à travers EURATOM, c'est-à-dire la Communauté européenne de l’énergie atomique, ainsi que la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée du sud, la Russie et les Etats-Unis. Mais tous les pays n’ont pas décidé du même engagement : l’Europe est engagée à hauteur de 45% sur la valeur de ce projet, alors que les autres Etats le sont à hauteur de 9%.
Le coût financier d’Iter
Le problème financier est au cœur du débat actuel. Les coûts et les estimations de ce programme ont été réalisés en 2001 et à l’époque il était question d’un budget global de 6 milliards d’euros. Aujourd’hui, on s’aperçoit que la facture va être beaucoup plus élevée et qu’il faudra rajouter près de 10 milliards d’euros de plus que prévu. Ceci tombe plutôt mal dans le contexte actuel de crise globale.
L’Europe et Iter
Cette augmentation du coût du projet se traduit par un surcoût notamment pour l’Europe de 4,5 milliards d’euros (et environ 800 millions pour la France) .
La Commission européenne a annoncé le 20 juillet 2010 avoir proposé aux gouvernements de l’Union Européenne de couvrir le surcoût de financement à sa charge, grâce à des fonds non utilisés du budget commun. Mais cette proposition doit être avalisée par les gouvernements respectifs et le Parlement européen et en cette période de crise, certains parlementaires s’interrogent sur la pertinence de cette aventure scientifique.
Iter ou pas Iter
Pour les promoteurs d’Iter, nous n’avons pas le choix pour réaliser notre mutation énergétique : il faudra investir beaucoup d’argent et beaucoup plus que ce qu’Iter peut coûter surtout en regard de ce qu’il peut nous rapporter, comme l’argumente Bernard Bigot, haut représentant de la France pour la réalisation d’Iter : « Ce sont plusieurs milliers de milliards d’investissements qu’il faudra faire pour pouvoir remplacer les équipements existants, alors 10 milliards (Iter)… L’enjeu est suffisamment fort pour que, quelques soient les difficultés que les uns et les autres traversent, l’engagement de tous soit au rendez vous ».
Ce projet Iter est une pure folie pour les autres qui, comme le député Yannick Jadot d’Europe Ecologie, rappelle que « au niveau du Parlement européen, on est en train de baisser les budgets pour les économies d’énergies, on baisse la facture pour les énergies renouvelables, on baisse le budget de soutien aux petites et aux moyennes entreprises notamment dans la recherche, et il y a un budget qui est en train de totalement exploser, totalement hors contrôle qui est un budget pour Iter qui potentiellement et de manière totalement hypothétique pourrait être opérationnel à la fin de ce siècle ! C’est totalement incroyable et irrationnel au vu de la crise énergétique, de la crise climatique et de la crise budgétaire ».
Le débat n’est pas clos, il sera sans doute à suivre dans les années qui viennent.