À la Une : en Chine, pendant l’épidémie, la répression continue…

C’est ce que constate Le Monde : « Sous le couvert de la gravité de la crise du coronavirus, les autorités chinoises renforcent la surveillance de masse et étendent les mesures restrictives des libertés, donnant l’image d’un empire qui évoque plus Big Brother que celle d’une puissance ascendante respectueuse des règles universelles. (…) L’arrestation, ces derniers jours, de deux figures de premier plan de l’opposition chinoise confirme les craintes de nombreux experts, qui redoutent que le régime de Xi Jinping ne mette à profit la peur suscitée dans la population par la contamination du coronavirus pour renforcer durablement le contrôle de la société chinoise. (…) La contradiction entre la récente amélioration des chiffres sur la propagation de l’épidémie et le renforcement de la surveillance amène à s’interroger sur les véritables objectifs de celle-ci, pointe encore Le Monde. Vise-t-elle seulement à protéger la santé de la population, ou permet-elle aussi de limiter encore la liberté des citoyens ? Ces limitations disparaîtront-elles avec l’épidémie ou bien seront-elles intégrées au dispositif ordinaire ? La multiplication des mesures de contrôle des réseaux sociaux, ainsi que les nouveaux avertissements lancés aux médecins, ou les cours organisés dans certaines villes de la province du Hubei, épicentre de l’épidémie, pour 'rééduquer' ceux qui osent sortir de chez eux sans autorisation ne sont certainement pas de bon augure. »

Pékin nerveux

« À Pékin, petite quarantaine et grande propagande », renchérit Libération. « Le régime entend vanter le rôle du président Xi Jinping dans la gestion de la crise, tout en faisant taire les critiques et en expulsant des journalistes. Signe de la nervosité au sein de l’appareil d’Etat, Pékin a (donc) arrêté le 15 février le dissident et universitaire Xu Zhiyong et a assigné à résidence à Pékin Xu Zhangrun, juriste réputé. En faisant taire ces deux voix de l’opposition, le pouvoir, affirme Libération, pense imposer sa vérité sur la gestion de l’épidémie. Hier, il a également annoncé l’expulsion de trois correspondants du Wall Street Journal. Le quotidien américain avait publié au début du mois une tribune jugée 'raciste'. Intitulée 'La Chine est le vrai malade de l’Asie', elle avait été rédigée depuis les États-Unis par un intervenant extérieur à la rédaction et critiquait la gestion de la crise sanitaire. (…) D’après le club des correspondants étrangers à Pékin, c’est la première expulsion effective de journalistes par la Chine depuis 1998. Après la censure sur les réseaux sociaux et des médias chinois, la répression, conclut Libération, vise désormais les médias occidentaux accusés d’être les auteurs de 'calomnie malveillante' contre la Chine. »

Abdelmadjid Tebboune : « Je suis prêt à aller plus loin »

À lire dans Le Figaro, cette longue interview du président algérien…

C’est le premier entretien d’Abdelmadjid Tebboune depuis son entrée en fonction le 19 décembre. A la question : « Malgré vos propositions de dialogue, les manifestations se poursuivent. Comment instaurer un apaisement durable ? », il répond : « Bien qu’il y ait encore, tous les vendredis, une présence citoyenne dans la rue, les choses commencent à s’apaiser. De nombreux Algériens ont compris qu’on ne peut pas réformer, réparer, restaurer ce qui a été détruit pendant une décennie en deux mois. J’ai prêté serment le 19 décembre ! Mais, poursuit, Abdelmadjid Tebboune, j’accepte qu’on me demande d’aller plus vite, cela prouve que les gens ont l’espoir de changement. Le Hirak a obtenu pratiquement tout ce qu’il voulait, note encore le président algérien : il n’y a pas eu de cinquième mandat, ni de prolongation du quatrième mandat, puis le président a démissionné. Les têtes les plus visibles de l’ancien système sont également parties, et la lutte a été engagée contre ceux qui ont mis l’économie à genoux. Reste les réformes politiques, j’en ai fait ma priorité, affirme Abdelmadjid Tebboune, et je suis décidé à aller loin dans le changement radical pour rompre avec les mauvaises pratiques, moraliser la vie politique, et changer de mode de gouvernance. »

En-dessous de la ceinture…

À la Une en France, les querelles de caniveau se suivent et se ressemblent…

Avec cette passe d’armes en dessous de la ceinture entre le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, et Olivier Faure, le patron du PS. Le Parisien raconte : « Invité à réagir aux propos du premier secrétaire du PS sur la 'légèreté incroyable' de Benjamin Griveaux, le locataire de Beauvau lâche hier sur France Inter : 'J’ai été surpris d’entendre Olivier Faure, que je connais bien et que j’ai accompagné dans ses divorces et ses séparations. J’ai été étonné de ses leçons de morale'. Tollé. 'Manque de maîtrise, de sang-froid et de jugeote', charge un ponte du PS. Réplique d’Olivier Faure, tout en formalisme. Pupitre et fond tricolore de l’Assemblée nationale, le socialiste dénonce 'une faute grave : le fait, pour un ministre de l’Intérieur, de chercher à intimider l’un des dirigeants de l’opposition en ayant recours à des insinuations relevant de sa vie privée est une atteinte aux fondements de la démocratie'. »

« Ambiance…, s’exclame Le Journal de la Haute-Marne. Le poison Pavlenski se diffuse lentement dans la classe politique. »

« L’atteinte à la vie privée semble être devenue le nec plus ultra de la rhétorique politique actuelle, déplore Le Républicain Lorrain. La divulgation de vidéos intimes en est certes le point le plus bas, mais ce n’est pas le seul symptôme des coups tordus, insinuations et manipulations qui poussent, comme de la mauvaise herbe, sur le terreau de la campagne électorale. »

L’Union en remet une couche : « Alors que l'effervescence Griveaux était en train de se dissoudre, Castaner a réussi le tour de force de la raviver. Le même Castaner qui avait été condamné en 1995 pour avoir diffusé une BD porno sur la candidate RPR aux municipales d’Avignon. Le même Castaner immortalisé en roi des boîtes de nuit. Les séquences se suivent et se ressemblent. De bévues en cafouillages, une partie de l’avant-garde macroniste donne l’impression de ne pas être à sa place. »

Les oubliés d’Idlib

Enfin cette réflexion de La Croix : « Cela fait maintenant cinq jours que le débat public, en France, est monopolisé par les suites de l’affaire Griveaux avec son lot de polémiques dérisoires. Il y aurait pourtant beaucoup plus urgent à discuter et surtout à faire. Pendant que nos hommes politiques s’écharpent sur la frontière entre vie publique et vie privée, plusieurs millions de personnes subissent un cauchemar dans l’enclave d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie. Sans que cela suscite une mobilisation internationale. (…) Pourquoi ? Sans doute, répond La Croix, parce que, parmi les rebelles repliés à Idlib, les djihadistes occupent une bonne place. Et la crainte est grande que cette crise ne provoque un nouvel afflux de réfugiés vers l’Europe. On préfère donc détourner le regard (…). »

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