Avec notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul
On a dit en Israël que la neutralisation des tunnels, dits « offensifs », du Hamas touche à sa fin et cela peut être chose faite dans les 24 heures. Les responsables israéliens envisageraient un retrait unilatéral sans accord de cessez-le-feu et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’Israël a décidé de ne pas envoyer de délégation au Caire pour négocier un nouvel accord, « ce serait une perte de temps », a même affirmé un responsable israélien.
Autre signe que la fin de l’opération terrestre est proche : l’armée israélienne autorise le retour d’une partie des habitants dans le nord de la bande de Gaza, dans le secteur de Beit Lahia. Dans le sud de la bande de Gaza, dans le secteur de Rafah, les forces israéliennes continuent de passer au peigne fin les maisons, dans l’espoir de retrouver des traces du lieutenant Hadar Goldin, l’officier israélien porté disparu lors d’un incident, vendredi matin. Les Israéliens affirment toujours que le militaire a été fait prisonnier par un commando du Hamas.
Le cabinet de sécurité israélien s’était réuni à nouveau ce samedi soir pour envisager la suite à donner à l’opération « Bordure de protection ». A l'issue de la réunion, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, s'est adressé à la presse. Il a déclaré que l'armée israélienne poursuivrait ses opérations contre le Hamas dans la bande de Gaza « aussi longtemps que nécessaire » et avec « toute la force requise ». Et il a menacé de faire payer un « prix intolérable » aux islamistes du Hamas s'ils continuent leurs attaques contre Israël à partir de la bande de Gaza.
Le Hamas a aussitôt répondu à l'annonce du Premier ministre israélien. « Nous poursuivrons notre résistance jusqu'à ce que nos objectifs soient atteints », a dit le porte-parole du mouvement islamiste, estimant que « Netanyahu veut faussement revendiquer une victoire de son gouvernement et de son armée ».
Méfiants, les habitants hésitent à rentrer
On ne peut pas dire que l’armée israélienne ait eu un grand succès en invitant la population du nord de Gaza, et notamment du quartier de Beit Lahia, à rentrer chez eux, puisque cette invitation concerne d’abord le quartier de Beit Lahia, un des quartiers les plus touchés du nord de Gaza, rapporte l'envoyé spécial de France 24 sur place, Mathieu Mabin.
Certains habitants n’avaient pas bougé du quartier, ils avaient choisi de rester dans leur maison. Cela a coûté la vie d’ailleurs à de nombreux habitants de Beit Lahia. Le chiffre des morts dans le nord de Gaza et particulièrement dans ce quartier de Beit Lahia est extrêmement élevé. En réalité, la population de Gaza a une confiance tout à fait partielle en les déclarations de l’armée israélienne et pour cause : régulièrement, l’armée israélienne invite les populations de Gaza à se déplacer vers ces points de regroupement et d’accueil dont on a beaucoup parlés ces derniers jours. Parmi ces points de regroupement et d’accueil : les écoles de l’ONU, et l’on sait que les écoles des Nations unies ont été frappées par des tirs israéliens causant la mort probablement de plusieurs centaines de Palestiniens.
Ce n’est donc clairement pas un succès même si, effectivement, il faut prendre cela comme un indicateur. Il y a un fléchissement dans les opérations de l’armée israélienne dans la bande de Gaza, qui concentre ses efforts dans la région de Rafah, dans le sud de l’enclave.
Le Sud reste sous le feu
Dans le sud de la bande de Gaza, le pilonnage a toutefois continué faisant des dizaines de morts, notamment vers Rafah où, depuis ce samedi matin, 57 personnes au moins ont été tuées. Ceux qui peuvent, fuient la ville vers le nord de l’enclave. C'est le cas de Hamed Keshta, parti ce matin de Rafah pour trouver refuge dans la ville de Gaza. « J’ai trouvé des gens qui ont accepté de m’accueillir chez eux, raconte-t-il. La moitié de la population de Rafah se déplace vers le nord de la bande de Gaza. Mais bon, aucun endroit n’est vraiment sûr. On n’est jamais à l’abri des tirs. Les frappes sur la population civile ont été effectuées tous azimuts. Sur mon trajet vers la ville de Gaza, une voiture et une moto ont été touchées par des tirs. Donc, se déplacer à Gaza est toujours un risque, c’est un peu suicidaire. »
Les environs de Rafah ont subi un déluge de feu après la disparition, vendredi matin, du sous-lieutenant israélien Hadar Goldin. La population est durement éprouvée.
« Jusqu’à présent, je n’ai pas de nouvelles de Rafah, je ne sais pas si ma maison est toujours debout, poursuit Hamed Keshta. Depuis cinq jours, on n’est sans électricité ici. Les pompes à eau ne fonctionnent plus, il reste peu d’essence pour faire marcher les générateurs des hôpitaux. La situation dans la bande de Gaza est vraiment désastreuse. »
Selon Israël, 47% des victimes palestiniennes de l'offensive en cours, soit près de la moitié, sont des terroristes. Les autorités disent s'appuyer sur une étude fiable et professionnelle de Tsahal.