Arrestation, détentions arbitraires en Égypte, cela porte désormais un nom : « Thalaga ». Traduction : être mis au frigo, emprisonné sans aucun motif. Ayman Salah est militant des droits de l’homme. Son tort ? Avoir organisé des manifestations contre le régime. À neuf reprises il est arrêté puis relâché. Aujourd’hui il est réfugié politique en France.
« J’ai été torturé, fouetté, électrocuté et mis à l’isolement, raconte-t-il. Parfois il y a même eu des sévices sexuels. Une fois, je participais à une manifestation contre le régime, tout ce dont je me souvienne c’est qu’une voiture s’est arrêtée près de moi, j’ai été embarqué et forcé à boire un produit qui m’a fait perdre connaissance. Puis j’ai été violemment battu et finalement je me suis réveillé entièrement nu dans le désert au sud du Caire. »
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Selon Katia Roux, d’Amnesty, derrière la répression menée par le pouvoir, un seul objectif : faire taire toute dissidence. « Nous avons documenté 138 cas. Ces personnes sont accusées d'appartenance ou d'assistance à un groupe terroriste, explique-t-elle. En réalité, ce sont des personnes qui ont manifesté pacifiquement, qui ont publié des messages sur les réseaux sociaux. Parce qu'elles sont perçues comme critiques vis-à-vis du pouvoir, elles vont être ciblées par les autorités, qualifiées d'ennemies de l'État, de terroristes, et vont donc faire l'objet de mises en détention provisoire prolongée par le bureau du procureur général. »
Amnesty International dénonce également « le silence complice » des alliés de l’Égypte, les pays occidentaux, la France qui sacrifient les principes des droits humains pour préserver leurs intérêts économiques.