[Reportage] Bagdad: funérailles d’un jeune Irakien, mort durant les manifestations

Plus de 300 personnes sont décédées durant les manifestations en Irak. Et même si les violences ont baissé d’intensité ces dernières 48 heures, le nombre de victimes continue d’augmenter.

Avec nos envoyés spéciaux à Bagdad,  Sami Boukhelifa et Boris Vichith

Les Irakiens enterrent les morts causés par la répression sanglante des manifestations par les autorités. Plus de 300 personnes sont mortes durant la mobilisation contre le pouvoir en Irak. Atteint d’un tir il y a une dizaine de jours, un jeune Irakien a finalement succombé à ses blessures.

Dans le cortège funèbre, la famille du jeune défunt tape du poing sur la poitrine et psalmodie un « Radoud Husseini », un chant traditionnel signe du deuil dans l’islam chiite. Sarmad Abdelwahab avait 21 ans.

Pour son oncle, il est tombé sur le champ d’honneur en voulant défendre son pays. « Mon neveu est un héros. Il a été atteint à la tête par une cartouche de gaz lacrymogène. Il souffrait d’un traumatisme crânien. Il est resté 12 jours dans le coma. Malheureusement, les médecins n’ont rien pu faire pour le sauver », raconte-t-il.

La place Tahrir, épicentre de la contestation

Cercueil sur les épaules, les membres de la tribu du défunt font le tour de la place Tahrir. C’est à cet endroit, l'épicentre de la contestation populaire à Bagdad, que le jeune Sarmad a été mortellement blessé par les forces de l’ordre.

« J’espère que le sang n’aura pas été versé vainement. Tous ceux qui ont sacrifié leur vie pour leur pays sont des martyrs. Ils ont lutté pour chasser du pouvoir ces dirigeants corrompus. La jeunesse irakienne poursuit le combat et nous changerons les choses », estime son oncle, pour qui il était essentiel que le convoi funéraire passe par ce lieu.

Selon les manifestants, sur la place Tahrir, au lieu de tirer les cartouches de gaz lacrymogène en l’air, les forces anti-émeutes ciblent délibérément la foule et font à chaque fois des dizaines de victimes.

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