Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh
Les autorités ne sont pas parvenues à rouvrir la plupart des routes fermées depuis dix jours par les manifestants dans tout le Liban. Pourtant, d’importants moyens ont été déployés, et un plan détaillé a été élaboré lors d’une réunion samedi matin au ministère de la Défense entre les chefs de l’armée, de la police et des différents services de sécurité.
Des centaines de soldats et de membres de la police antiémeute, accompagnés de bulldozers, ont essayé de dégager l’autoroute côtière qui relie le nord au sud du pays. Cet axe vital est coupé à une douzaine de points par des remblais de terre, des barricades de fortune ou des manifestants allongés à même le sol.
Les militaires se sont heurtés à des manifestants déterminés, qui ont refusé de se laisser convaincre ni par la négociation ni par l’usage de la force. Dès que la route était dégagée, les manifestants revenaient plus nombreux.
Les forces de sécurité ont aussi tenté de dégager un pont qui surplombe le centre-ville et qui mène au Grand Sérail, où se trouvent les bureaux du Premier ministre Saad Hariri. Après des heures d’affrontement, l’armée a évacué les lieux, cédant le terrain aux contestataires.
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Les incidents les plus violents se sont produits à Beddaoui, au nord de Tripoli, la deuxième ville du pays.
Affirmant avoir été la cible de jets de pierres et de feux d’artifice, les soldats ont tiré sur la foule. L’affrontement a fait des blessés dans les rangs des manifestants et des militaires. Le Premier ministre, Saad Hariri, a réclamé l’ouverture d’une enquête.
Ce samedi a aussi été marqué par les premiers rassemblements de soutien au président de la République Michel Aoun. Des centaines de ses partisans ont défilé dans une banlieue à l’est de Beyrouth et dans d’autres localités du pays.
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