Trêve en Syrie: l'évacuation des forces kurdes a débuté

À l’issue d’une longue réunion à Sotchi, Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan ont trouvé un accord sur la Syrie. La Russie s’engage à assurer, avec l’armée syrienne, le retrait total des forces kurdes installées le long de la frontière turque à partir de ce mercredi 23 octobre.

Avec notre correspondante à Istanbul,  Anne Andlauer

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a salué mardi 22 octobre un « accord historique » sur la Syrie, intervenu alors qu’expirait ce mardi soir le délai accordé par la Turquie à ces combattants kurdes pour évacuer la zone concernée par l’offensive lancée le 9 octobre. Au cours de la nuit, les autorités turques ont pris acte de ce retrait.

Plusieurs heures avant la fin du délai consenti par Ankara, les forces kurdes avaient annoncé avoir « totalement » rempli les conditions de l’accord de trêve négocié avec Washington – c’est-à-dire avoir évacué la zone en y laissant leurs armes lourdes. Il semble que la Turquie considère, pour l’essentiel, que parole a été tenue.

Une autre opération pas nécessaire « à ce stade »

Dans un communiqué publié dans la nuit, le ministère turc de la Défense indique avoir été informé par les États-Unis du retrait des forces kurdes. Il annonce qu’en vertu de l’accord signé à Sotchi avec la Russie, une autre opération n’est « à ce stade » pas jugée nécessaire. Quelques heures plus tôt, le président Recep Tayyip Erdogan avait pourtant estimé que les promesses de l’accord n’avaient pas entièrement été respectées.

Sur le terrain, le statu quo prévaut donc pour l’instant. Les soldats turcs restent sur place, avec leurs supplétifs syriens, dans une zone de 120 kilomètres de long et 32 kilomètres de profondeur entre les villes de Tal Abyad et Ras al-Aïn. Mais l’armée turque a prévenu, ses troupes frapperont immédiatement si elles se retrouvent face à des « terroristes » - autrement dit, des combattants kurdes. Dans cette zone, les soldats turcs restent présents avec leurs supplétifs syriens pour empêcher le retour des combattants kurdes.

Le retrait kurde doit durer près de six jours

Ailleurs, dans un premier temps, la police militaire russe et des garde-frontières syriens sont censés se déployer à partir de ce midi pour assurer le retrait des milices kurdes, avec leurs armes, sur 30 kilomètres de profondeur. Cette première étape doit durer un peu plus de six jours – ce qui nous amène à mardi prochain. Dans un second temps, des patrouilles russes et turques se mettront en place sur une profondeur de 10 kilomètres dans cette zone, à l’exception de Qamishlo.

L’accord ne mentionne pas ce que vont devenir les combattants kurdes, que la Turquie menace d’attaquer s’ils refusent de se retirer. Une partie d’entre eux vont-ils pouvoir se rendre dans les zones où se sont redéployés les soldats américains qui ont quitté la Syrie, c’est-à-dire en Irak ? Vont-ils intégrer l’armée syrienne, comme le souhaite apparemment Moscou ? C’est un point que la Turquie suivra évidemment de très près.

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