Avec notre correspondant en Irak, Wilson Fache
La colonne de bus blancs et bleus semble sans fin. Derrière les fenêtres sales, quelques sourires de soulagement sont perdus dans un océan de visages fermés. Les premiers réfugiés kurdes de Syrie sont là, 400 personnes en tout. Ils ont trouvé refuge dans le camp de Bardarash, dans le Kurdistan irakien.
Samira Ahmed a 63 ans. Elle a fui les combats avec son mari et leurs deux enfants. « Ma maison a été détruite dans un bombardement turc, raconte-t-il. Nous sommes partis sans rien parce que nous n’avons plus rien. Il a fallu payer un passeur 2 000 dollars pour traverser la frontière, d’abord à pied, puis à dos de cheval, puis nager pour arriver de l’autre côté de la rivière. »
►À lire aussi : La Turquie cessera son offensive en Syrie après un retrait des forces kurdes
Ces civils ont été contraints de faire appel à des passeurs car, disent-ils, leurs propres services de sécurité les empêchent de quitter le pays. Les autorités kurdes syriennes craignent un exode massif qui pourrait avoir des conséquences dramatiques sur la démographie du Kurdistan syrien.
Tous n’ont pas fui pour les mêmes raisons. Pour certains c’était à cause de l’avancée des troupes turques. D’autres, comme Rania Nazir et son frère, sont partis en raison de l’avancée du régime de Damas. « Nous ne rentrerons probablement jamais en Syrie car avec le retour du régime, les jeunes hommes comme mon frère seront obligés de faire leur service militaire, explique-t-elle. Et ils mourront. »
Les organisations internationales disent d’ores et déjà craindre une catastrophe humanitaire.