Paris a « très fermement » condamné l'incursion turque. La ministre française des Armées a réclamé mercredi l'arrêt de l'offensive turque qu'elle a jugée dangereuse pour la sécurité des Kurdes, « car elle est propice à Daech, contre qui nous nous battons depuis 5 ans. Elle doit cesser ». « La France a donc saisi le Conseil de sécurité de l’ONU qui se réunira demain [jeudi, ndlr] », a ajouté Florence Parly. Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a exigé l'arrêt de l'offensive, pendant que l'Allemagne a estimé que l'opération risquait « de provoquer une résurgence » de l'EI.
Aux États-Unis, un poids lourd des républicains et proche de Donald Trump, Lindsey Graham, a vivement dénoncé l'opération d'Ankara. « Priez pour nos alliés kurdes qui ont été honteusement abandonnés », a-t-il écrit sur Twitter. « Je vais mener les efforts aux Congrès pour qu'Erdogan paie très cher ». Le président américain qui a annoncé dimanche le retrait de troupes américaines du nord-est de la Syrie a lui-même estimé mercredi que l'offensive turque était « une mauvaise idée ». Sans réitérer ses menaces économiques proférées lundi : « Si la Turquie fait quoi que ce soit dont j'estime, dans ma grande et inégalable sagesse, que cela dépasse les bornes, je détruirai et anéantirai complètement l'économie de la Turquie. »
Cela ressemble à une rectification de tir, relève Anne Corpet, notre correspondante à Washington, expliquant que Donald Trump prend ses distances avec les Turcs et tente aussi de rassurer son propre camp. Aux messages contradictoires émis par le président américain ces derniers jours s'ajoute son ambivalence ancienne à l'égard de la Turquie et de son dirigeant, qu'il vient d'inviter à Washington pour le 13 novembre et avec lequel il espérait conclure un accord commercial.
18 000 combattants syriens supplétifs d'Ankara mobilisés
Avant le déclenchement de l'offensive, le président russe Vladimir Poutine avait appelé Recep Erdogan à « bien réfléchir ». L'Égypte a pour sa part condamné une « attaque inacceptable ».
Amnesty International a souligné qu'« à la fois les forces turques et kurdes » avaient, « dans le passé, mené des attaques aveugles en Syrie » ayant « fait de nombreuses victimes parmi les civils ». L'ONG a exhorté à faire en sorte que « cela ne se reproduise pas ».
Le pouvoir de Bachar el-Assad s'est engagé à « contrecarrer toute agression » de la Turquie, se disant prêt à « accueillir dans son giron » la minorité kurde.
Longtemps marginalisés et victimes des discriminations du pouvoir central, les Kurdes ont réussi à instaurer une autonomie de facto à la faveur du conflit qui ravage la Syrie depuis 2011. Au moins 18 000 combattants syriens supplétifs d'Ankara ont été mobilisés pour participer à l'offensive, a affirmé mercredi un de leurs porte-parole. Ces combattants appartiennent à des factions regroupées au sein de l'Armée nationale syrienne (ANS), une coalition de groupes armés, financés et entraînés par Ankara.
(avec AFP)