Avec notre correspondant à Amman, Jérôme Boruszewski
Les deux camps s’accusent mutuellement d’envenimer la situation. D’un côté, l’armée russe reproche aux forces d’opposition soutenues par les États-Unis leurs « provocations » afin d’empêcher les civils de quitter le camp et de justifier leur présence sur place.
De l’autre, les travailleurs humanitaires ont longtemps condamné l’attitude de la Russie, mais aussi celles de la Jordanie et de l’armée du président syrien Bachar el-Assad, qui, sur place, bloqueraient l’acheminement de l’aide afin de forcer les déplacés à rentrer chez eux et permettre au gouvernement syrien de reprendre cette région stratégique puisque située sur le principal axe de communication entre Téhéran, Bagdad et Damas.
Sur place, les civils sont pris en étau entre les intérêts de ces grandes puissances et ils souffrent. L’hiver dernier, plusieurs nourrissons sont morts de froid à Rukban. Un convoi humanitaire vient de parvenir au camp, mais la précédente livraison datait de février. Depuis sept mois, les occupants doivent donc compter sur la débrouille et la contrebande.
Malgré cela, la moitié des déplacés de Rukban ne veulent pas rentrer chez eux, d’après une étude des Nations unies menée le mois dernier. En cas de rapatriement, beaucoup craignent d’être arrêtés ou forcés à rejoindre les rangs de l’armée syrienne.