Avec notre envoyé spécial dans le camp de Roj, Noé Pignède
Au milieu des puits de pétrole, quelques centaines de tentes colorées. À l’intérieur, des familles de 48 nationalités. Le camp de Roj accueille des femmes et des enfants qui ont fui le califat de Daech.
Samira est l’une d’entre elles. Grand sourire, voile violet sur la tête, elle tient son fils de trois ans dans les bras. Depuis un an et demi, cette Belge est prisonnière des forces kurdes. « Y’a des gardes, y’a des descentes la nuit. C’est un petit Guantanamo. En fait on n'a pas de vie, on n'a pas d’avenir, pas de futur. On est effrayés, aussi, par rapport aux maladies. Tuberculose, coqueluche, typhus … Et les soins sont pas appropriés, y’a des enfants et des femmes qui sont morts. En hiver, c’est les tentes qui brûlent, le dernier incendie c’est trois enfants qui sont décédés. La maman elle est encore envie, elle est complètement brûlée.
Sans l’islam, je serai tombée en dépression » confie-t-elle.
Des conditions de vie très rudes. Même les rations de nourriture sont distribuées au compte-gouttes faute de moyens. Mais comme beaucoup de résidentes, Samira peut compter sur l’aide de ses proches.
« En fait, nos familles sont interdites d’envoyer de l’argent. Donc soit ils prennent le risque de poursuites judiciaires et ils envoient, soit on meurt de faim. Faut trouver quelqu’un en Turquie, votre famille envoie l’argent à cette personne en Turquie qui dépose l’argent dans un bureau turc, et ici se trouve le même bureau. Et donc on procède au transfert d’argent » explique Samira.
Quelques centaines d’euros qui permettent à Samira et son fils de survivre. Comme elle, 80 000 femmes et enfants de jihadistes sont toujours prisonniers des forces kurdes.