Avec notre envoyé spécial à Kirkouk, Noé Pignède
Sur les bâtiments de Kirkou, en Irak, les drapeaux kurdes, irakiens, et ceux des milices chiites soutenues par l’Iran se font face. D’une rue à l’autre, des factions armées rivales montent la garde et la tension est palpable. « Il n’y a pas de problèmes entre les communautés ici, c’est faux, explique Abou Assad, qui tient un petit café dans le centre-ville. Mon père est arabe et ma mère kurde. Ce gars-là est turkmène et nous sommes amis. Mais les hommes politiques font de la propagande. Ils embrigadent les jeunes et font couler le sang du peuple pour servir leurs intérêts ».
Ces intérêts sont avant tout financiers. Les Kirkoukiens sont assis sur l’un des plus grands gisements pétroliers d’Irak. « Tout le monde veut prendre le contrôle de la région, car il y a du pétrole, mais nous, nous ne voulons pas d’eux, déclare Hassan, la soixantaine, qui partage le thé avec ses amis ce jour-là. Nous voulons prendre en main notre avenir, assurer notre sécurité et que la ville soit enfin dirigée par ses habitants ».
La menace de l'EI toujours présente
À côté lui, Hatam se désole du retour des attentats dans la région. Il y a deux semaines, une série d’explosion a fait six morts à quelques rues d’ici. « Je ne sais pas qui sont derrière ces attaques, les Arabes, les Kurdes ou les Turkmènes, dit-il. Mais une chose est sûre, les terroristes sont manipulés par des partis politiques et des puissances étrangères. Avant, la ville était contrôlée par les peshmergas [combattants kurdes]. Maintenant, c’est l’armée irakienne, mais l’insécurité demeure. J’espère qu’un jour, nous pourrons enfin vivre en paix ».
En Irak, un an et demi après la victoire contre l’organisation État islamique (EI), les cellules djihadistes restent très présentes et continuent de semer la terreur. Ces derniers mois dans le nord du pays, de gigantesques incendies de champs, mais aussi plusieurs attentats, ont été revendiqués par Daech, acronyme arabe de l'EI.
►À (ré)écouter : Kirkouk, le petit Irak