Prudence, répètent presque les chefs de la diplomatie des États membres de l’Union européenne concernant les accusations de Washington qui attribuent la responsabilité des attaques des pétroliers en mer d'Oman à Téhéran. Pas question de lancer des accusations contre l’Iran sans avoir des preuves tangibles, a déclaré Jean Asselborn.
Pour le ministre des Affaires étrangères du Luxembourg, Jean Asselborn, il faut se souvenir de 2002 : les Américains accusent Bagdad de détenir des armes de destruction massive et envahissent l’Irak l’année suivante. Les effets de cette guerre dévastatrice se font ressentir aujourd’hui encore: « On ne peut pas dire que tel ou tel est responsable sans le savoir tout à fait. Ça, c'est la première chose. La deuxième chose, c'est qu'il faut se rappeler 2002, une année avant le printemps 2003. Les armes ne sont pas le moyen approprié pour résoudre le conflit entre l'Arabie saoudite et l'Iran. Impossible ! »
Plusieurs ministres ont soutenu la position du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres qui a demandé une « enquête indépendante ».
En Europe, seule Londres semble convaincue par cette vidéo en noir et blanc publiée par l’armée américaine et censée apporter la preuve de l’implication de Téhéran dans des attaques contre des pétroliers dans le Golfe. Washington, persiste : cette vidéo est une preuve indéniable, affirme le secrétaire d’État américain Mike Pompeo avant d’ajouter : « Nous fournirons des preuves supplémentaires ».
De son côté, le président français Emmanuel Macron a déclaré : « Je pense que dans la période dans laquelle nous entrons le sang-froid peut être utile », a déclaré le président français, qui pour l'instant n'attribue pas les attaques de pétrolier à l'Iran comme le fait Washington. « C'est une fois les informations rassemblées et tous les doutes levés que des attributions pourront se faire de manière certaine », a-t-il ajouté, lors d'une conférence de presse à l'occasion de la visite à Paris du nouveau président ukrainien Volodymyr Zelensky. Emmanuel Macron a également appelé lundi l'Iran à être « patient et responsable », réagissant aux annonces de Téhéran que ses réserves d'uranium enrichi dépasseraient la limite prévue dans l'accord international de 2015.