Fodil Tahar Aouidate et Vianney Ouraghi n'ont pas le même profil mais ils ont été condamnés à la même peine. Cela fait cinq ans que le premier a rejoint la Syrie et le groupe État islamique. Originaire de Tourcoing dans le nord de la France, il n'a pas fait le voyage seul. Ce sont au total 22 membres de sa famille qui l'ont rejoint sur place.
La filière salafiste belge
Très vite repéré par les services de renseignement, il gravitait autour de la filière salafiste belge, celle d'Abdelahmid Abaaoud, un des organisateurs présumé des attentats du 13-Novembre 2015, un attentat dont Fodil Tahar Aouidate se réjouissait dans une vidéo dans laquelle il menaçait la France de nouvelles attaques.
Quant à Vianney Ouraghi, lui aussi originaire du nord de la France, c'est en 2013 qu'il part pour la Syrie, tout d'abord pour rejoindre le Front al-Nosra, avant de rejoindre le groupe EI dès la proclamation du califat.
Blessé au combat
Grièvement blessé au combat, il avait été donné pour mort à la suite d'une frappe de la coalition en novembre 2016. Il n'en était donc rien. Les forces kurdes ont alors pu le capturer et le remettre à la justice irakienne. Vianney Ouraghi est désormais le neuvième français condamné à mort par celle-ci.
La France dans une situation délicate
Le compte à rebours a commencé pour les condamnés à mort : ils ont 30 jours pour faire appel. C’est pendant ce laps de temps que la France leur apportera sa protection consulaire. Ils seront accompagnés sur place par l’ambassade et informés sur leurs droits, a assuré la porte-parole du gouvernement.
Comme pour tout autre ressortissant, Paris interviendra « au plus haut niveau de l’État » a rappelé Sibeth Ndiaye. L’objectif de Paris est de faire commuer le châtiment suprême en peine de prison à perpétuité.
Dès les premières condamnations, le Quai d’Orsay avait en effet affirmé son opposition à la peine de mort. Mais ce n’est pas pour autant que le ministère a jugé bon de rapatrier ses ressortissants jihadistes pour les juger en France.
Face à cette contradiction, plusieurs organisations de défense des droits de l’homme sont montées au créneau, notamment Human Rights Watch (HRW) qui exhorte la France à ne pas « sous-traiter la gestion de ses ressortissants » à des « systèmes judiciaires abusifs » qui ont recours à la torture.
Ce lundi, deux autres Français seront jugés à Bagdad, avec comme risque d’être condamnés à mort à leur tour.