Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh
Nommé cardinal par le pape Jean-Paul II en 1994, Nasrallah Sfeir a profondément marqué l’histoire du Liban moderne. Le prélat prend la direction spirituelle de sa communauté en pleine guerre civile, en 1986. Le début de son mandat sera marqué par une guerre inter-maronite sanglante, qu’il ne parviendra pas à stopper et qui fera des milliers de morts.
Nasrallah Sfeir a assuré la couverture chrétienne à l’accord de Taëf, qui a mis fin à la guerre en 1990, au grand dam du principal chef politique chrétien de l’époque, Michel Aoun, devenu aujourd’hui président de République.
Dénonçant la mauvaise application de cet accord par la Syrie, le patriarche Sfeir parraine, onze ans plus tard, un mouvement politique qui obtiendra le retrait de l’armée syrienne du Liban, en avril 2005. Depuis, beaucoup de Libanais l’appellent « le patriarche de la seconde indépendance ».
A Beyrouth, des Libanais se souviennent de son rôle politique dans l’après-guerre.
Connu pour sa détermination inébranlable et son franc-parler, le patriarche Sfeir était un homme adulé par ses admirateurs et respecté par ses détracteurs. Mais avec le début du printemps arabe et de la crise en Syrie, en 2011, le Vatican l’a poussé à la démission.
Son successeur, Béchara Raï, ouvrira une nouvelle page à Damas, où il s’est rendu en plein conflit, en 2013, pour appuyer les chrétiens de Syrie. Une visite que Nasrallah Sfeir n’a jamais voulu entreprendre.
■ Un acteur majeur de la vie politique libanaise
Monseigneur Sfeir a été une figure respectée notamment pour son rôle incontournable dans la vie politique. C'est lui qui avait été l'un des principaux artisans du retrait de la Syrie du Liban, comme l’explique Antoine Fleyfel, philosophe et théologien franco-libanais, professeur à l'Université catholique de Lille.
(RFI)