Selon l'ONG Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), proche de l'opposition, 13 civils ont été tués dans des raids aériens du régime ou de son allié russe mardi 7 mai, visant entre autres des villages d'Idleb ou de la province voisine de Hama, au nord-ouest du pays.
« Rien que pour la semaine dernière, plus de 152 000 femmes, enfants et hommes ont été déplacés dans les provinces d'Idleb et d'Alep », a affirmé à l'AFP un porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), David Swanson.
Le président français Emmanuel Macron a exprimé son « extrême préoccupation » face à « l'escalade de violence » à Idleb, a-t-il tweeté mardi 7.
Avant lui, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait exhorté les belligérants à protéger les civils, réclamant une « désescalade urgente »
« Entre le 29 avril et le 6 mai, au moins 12 installations médicales ont été touchées par des raids aériens (...) endommageant des infrastructures qui fournissaient des services de santé essentiels à plus de 100 000 personnes », déplore Ocha dans un communiqué. Ces installations ne fonctionnent plus, précise M. Swanson, ajoutant que trois travailleurs médicaux ont été tués dans ces attaques.
Selon l'Union des Organisations de secours et soins médicaux (UOSSM), une dizaine de structures de santé ont été détruites depuis fin avril dans la région d'Idleb, et une centaine de civils tués. Pour Ziad Alissa, président de l’ONG française agissant à l’international et spécifiquement en Syrie, « nous sommes devant une catastrophe humanitaire » où « il y a plus de blessés, plus de gens qui nécessitent ces hôpitaux et malheureusement, l’hôpital devient la zone la plus dangereuse en Syrie ».
Selon Fadi el-Maari, militant de l’opposition syrienne présent à Idleb, la population déplacée converge en masse vers le nord du pays, près de la frontière turque, où la situation est calme : « La situation humanitaire va se dégrader surtout avec le début du mois de ramadan. Lorsque la situation sécuritaire se dégrade, cela devient compliqué de se déplacer. Mais les gens sont obligés de sortir pour s’approvisionner en nourriture, même s’ils sont la cible des avions et des hélicoptères de guerre russes ».
Les ONGs craignent une opération de grande envergure
Ziad Alissa, président de l’ONG française l'Union des Organisations de secours et soins médicaux (UOSSM), craint une opération de grande envergure, alors que les choses s'étaient calmées ces derniers mois.
Enjeux et perspectives
Idleb est une zone de tension créée de toutes pièces par le régime de Bachar al- Assad. Au fil de ses reconquêtes territoriales, avec la reprise d’Alep, de la Ghouta Orientale ou de Deraa par exemple, le régime y a acheminé population, opposants, groupes rebelles ou jihadistes, sans distinction. L’idée était de mener à terme une ultime opération militaire pour reprendre le contrôle de l’enclave et « liquider tous les terroristes », explique Damas.
L’offensive contre Idleb a été lancée à plusieurs reprises, mais a été interrompue à la suite d’un accord conclu entre Russes, Iraniens et Turcs, acteurs-clé du dossier syrien.
La Turquie du président Recep Tayyip Erdogan soutient certains groupes rebelles d’Idleb. Elle pèse de tout son poids pour éviter une déstabilisation à sa frontière et une nouvelle pression migratoire.
Pour leur part, les Occidentaux condamnent régulièrement les bombardements contre les civils dans cette région, mais ils n’ont aujourd’hui aucune marge de manœuvre. Ils sont devenus, essentiellement, des spectateurs sur ce front du conflit syrien.