De notre correspondant à Beyrouth,
La visite du président Aoun en Russie exprime surtout une volonté de diversification des relations extérieures du Liban, qui n’est plus sur la même longueur d’onde que les pays occidentaux sur plusieurs dossiers, dont celui, crucial, du retour des réfugiés syriens. Dépassants le million, ces derniers constituent plus du quart de la population. Beyrouth souhaite leur rapatriement avant la solution politique dans leur pays, alors que l’Europe et les Etats-Unis estiment que les conditions du retour ne sont pas encore réunies.
170 000 réfugiés rapatriés avec l’aide russe
Le chef d’Etat libanais a trouvé une oreille attentive auprès de son homologue russe Vladimir Poutine. Les deux dirigeants ont convenu de renforcer la coopération entre Beyrouth, Moscou et Damas, pour accélérer le processus de retour, organisé sans l’aide des organisations internationales. En 2018, plus de 170 000 réfugiés sont ainsi rentrés chez eux. En 2019, le Liban espère porter ce nombre à plus de 200 000.
Sur le plan de la géopolitique régionale, Michel Aoun cherche à se rapprocher de la Russie, qui est devenue un acteur incontournable en Syrie. Le président libanais est plus proche de la vision russe qu’occidentale pour ce qui est du règlement de la crise syrienne. Un pas, symbolique certes mais significatif quand même, a été franchi mardi dans le sens d’un rapprochement avec la Russie ; Vladimir Poutine a invité le Liban à participer en tant qu’observateur à la rencontre d’Astana, qui regroupe la Russie, l’Iran et la Turquie, et dont le but est de trouver une solution à la crise syrienne.
Michel Aoun estime aussi que la Russie se place en protecteur des chrétiens d’Orient et il a d’ailleurs rendu hommage à l’action de Vladimir Poutine dans ce domaine. Les deux présidents ont aussi convenu de renforcer la coopération économique, commerciale et dans le domaine du tourisme.
Le Liban, plus proche de l’axe russe, plus loin des Occidentaux ?
Les relations entre le Liban et les pays occidentaux sont profondément ancrées et ne peuvent pas être balayées d’un revers de main. Les Etats-Unis restent, par exemple, les principaux fournisseurs d’armes à l’armée libanaise. Les Européens les premiers partenaires économiques et commerciaux du pays du cèdre. Et une partie des dirigeants et de la classe politique est traditionnellement pro-occidentale.
Il est donc trop tôt pour dire que le Liban change de camp Mais il est certain que Michel Aoun ouvre une perspective de diversification des relations extérieures, que beaucoup de Libanais appellent de leurs vœux.