Les présidents irakien et français ont fait front commun mardi sur la question des jihadistes français. Selon Emmanuel Macron, il revient aux autorités irakiennes de décider souverainement de juger ou nom ces prisonniers dont il a même refusé de confirmer la nationalité.
« Pour les Français majeurs détenus transférés » en Irak par les FDS, « ils relèvent d'abord des autorités de ce pays, à qui il revient de décider souverainement s'ils doivent faire l'objet de procédures judiciaires sur place », a renchéri Emmanuel Macron.
Pour le chef de l'Etat irakien, Barham Saleh il est naturel que l'Irak juge toute personne ayant commis des crimes sur son territoire. Il a annoncé que les 13 jihadistes français remis aux autorités irakiennes sont « accusés d'avoir commis des crimes contre des Irakiens, des installations irakiennes en Irak » et « seront jugés selon la loi irakienne ».
Selon Youssef Badr, porte-parole du ministère de la Justice français, le fait que la France livre ces jihadistes à l'Irak n'y a « rien d'anormal, au contraire à ce que, selon le principe de territorialité, les gens qui ont commis des faits à l'étranger, qu'ils soient Français ou pas, soient jugés sur le sol sur lequel on leur reproche des faits. »
Les deux présidents ont abordé le sujet à la demande des journalistes, mais la priorité affichée était l'approfondissement de la collaboration franco-irakienne économique, culturelle et militaire. Le président irakien a grandement remercié son homologue français pour le soutien apporté par Paris à Bagdad dans la reconstruction du pays. Difficile donc de lui demander par la suite de récupérer ses jihadistes.
La justice irakienne est très critiquée par les défenseurs des droits de l'homme. Elle applique la peine de mort, mais elle est également jugée trop expéditive principalement pour les prisonniers irakiens jugés parfois sans avocat et sur la base de dénonciation.
Côté syrien, les forces kurdes appellent ouvertement à une prise de responsabilité des pays occidentaux quant à leurs ressortissants faits prisonniers. Leur incarcération coûte cher et demande une organisation sécuritaire supplémentaire.
« L’Irak est disposé à aider la France et à lui éviter toute situation embarrassante par rapport à son opinion publique, estime le spécialiste des mouvements jihadistes Hisham Al-Hashimi. Mais l’Irak demande à la France des compensations en retour. Nous avons besoin de soutien logistique et diplomatique et de partage de renseignements. L’Irak a beaucoup à gagner de cette collaboration entre ses services de renseignements et les services de renseignements français. La justice irakienne a la capacité de juger et de condamner toute personne impliquée dans des actes terroristes perpétrés sur le sol irakien, mais il est clair que nous ferons face à un vide juridique lorsqu’il s’agira de poursuivre un citoyen français pour des actes terroristes commis en Syrie ».
Quelle est aujourd'hui la position de la France au sujet du rapatriement des jihadistes français. Y a t-il rétropédalage sur cette question ?
Macron félicite Washington de maintenir 200 militaires en Syrie
Le président français s'est également félicité de la décision des Etats-Unis de maintenir 200 militaires en Syrie, après avoir annoncé le retrait de toutes leurs forces sur place, estimant que ce maintien était « une nécessité ».
« Je ne peux que me féliciter de ce choix. Il correspond à la nécessité de rester aux côtés (...) des Forces démocratiques syriennes (FDS, la coalition arabo-kurde en première ligne face au groupe Etat islamique) et de ceux qui, sur le terrain, ont oeuvré à la lutte contre l'organisation jihadiste », a déclaré Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse avec son homologue irakien.