Avec notre correspondant à Beyrouth, Nicolas Feldmann
En ce jour de grève pas question de chômer pour Hossein Taye. « Chaque jour je gagne 10 à 15 euros, je ne peux pas m’arrêter », explique-t-il.
Dans son taxi, le chauffeur suit la conférence de presse de la CGT, solidaire du mouvement de grève, il se dit pourtant peu convaincu. « Qui va répondre à cet appel ? Les politiques ne pensent qu’à eux et à leur poche », lâche-t-il.
Privilégier l’intérêt général à ces querelles de partis et de personnes quiparalysent le pays depuis plus de 7 mois, c’est justement que ce réclame la CGT du Liban. Son secrétaire général Béchara Asmar formule trois demandes :
« Formation immédiate du cabinet, pour la réforme lutter contre la corruption. Maintenant on vit dans l’impasse, il faut lutter pour en sortir. »
D’autant que la situation économique se dégrade. Le Liban affiche un déficit public et une dette record. « Le problème est dans l’économie de tous les jours de nos entreprises, des commerçants, des artisans. Il n’y a pas d’accès au crédit aujourd’hui, donc ils ne peuvent pas investir plus. C’est comme une bicyclette, si ça ne pédale pas, ça tombe », souligne Fouad Rahme, représentant du rassemblement de chefs d’entreprises.
Peu suivi dans le privé, l’appel à la grève a plus mobilisé le secteur public. L’aéroport de Beyrouth et les hôpitaux gouvernementaux ont par exemple cessé le travail pendant une heure ce vendredi, tandis que le port de la capitale et l’Electricité du Liban étaient, eux, totalement à l’arrêt.