Aucun officiel turc n'a encore commenté la décison présidentielle américaine, mais du côté d'Istanbul, cette annonce est une excellente nouvelle alors que le président turc Recep Tayyip Erdogan évoque une opération militaire « imminente » dans le nord de la Syrie à l’Est de l’Euphrate contre les positions kurdes tenues par les Unités de protection du peuple, les YPG. Une pierre de plus à l’édifice des relations turco-américaines, qui se sont nettement réchauffées ces derniers mois, analyse notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette.
Recep Tayyip Erdogan dénonçait inlassablement la présence de forces américaines auprès des militants kurdes. Si la décision du président américain était confirmée plus rien donc ne poserait vraiment obstacle au projet militaire d’Ankara.
Donald Trump et le président turc se sont entretenus par téléphone il y a une semaine, et les échanges diplomatiques ont été particulièrement intenses ces derniers jours. Hier encore Washington a approuvé la vente à la Turquie de son système de défense antimissile Patriot. Autant de preuves, selon la presse pro-gouvernementale turque, que les Etats-Unis ont bel et bien abandonné leur alliance avec les forces kurdes au profit d’Ankara.
« Surprise » des alliés kurdes de la coalition
Les forces de la coalition dont font partie les Américains sont présentes au sol aux côtés des Forces démocratiques syriennes. Ces forces à majorité kurde combattent les jihadistes dans le nord-est de la Syrie. Leur porte parole Mostafa Bali reconnait lui-même avoir été surpris par cette annonce.
Inquiétude à Paris et Londres
A Paris, la ministre des armées, Florence Parly a réagi à l'annonce du président américain, en soulignant que l'organisation Etat islamique était affaiblie mais pas rayée de la carte.
Le ministère des Affaires étrangères a par ailleurs déclaré que Paris était « en conversation avec Washington sur le calendrier et les conditions de mise en œuvre de la décision de retrait des forces américaines ».
Inquiétude à Paris mais aussi du côté de Londres. « La coalition internationale contre Daech a fait d'énormes progrès (...) Mais il reste beaucoup à faire et nous ne devons pas perdre de vue la menace qu'ils posent », avertit la diplomatie britannique.
Une décision «juste» pour Vladimir Poutine
Du côté de Moscou, Vladimir qui tenait ce jeudi matin sa grand conférence de presse annuelle, a commencé par donner raison à Donald Trump. « Nous sommes d’accord avec le président américain, lorsqu’il affirme que le groupe Etat Islamique a été vaincu en Syrie ». Quant au retrait, c'est une « décision juste » a-t-il estimé. Car la présence américaine en Syrie, selon lui, n’est ni nécessaire ni légitime, rapporte notre correspondant à Moscou, Daniel Vallot.
« Je ne crois pas que la présence de soldats américains soit utile… Et n’oublions pas que cette présence n’a été approuvée ni par le Conseil de sécurité de l’ONU, ni par le gouvernement syrien. Nous avons été invité par la Syrie à intervenir sur leur territoire, ce n’est pas le cas des Etats-Unis. Donc, s’ils décident de retirer leurs troupes, c’est une décision juste. », a déclaré Vladimir Poutine.
Le président russe reprend là un argument maintes fois avancé depuis que la Russie est intervenue directement dans le conflit syrien pour venir en aide à Bachar el-Assad. Mais si Vladimir Poutine salue la décision de Donald Trump, en revanche il se montre circonspect sur la réalité de ce retrait : cela fait dix-sept ans que les Etats-Unis disent qu’ils vont se retirer d’Afghanistan et ils y sont encore aujourd’hui, a-t-il notamment ironisé.
Le chef du Kremlin parle en connaisseur : la Russie a elle-même plusieurs fois annoncé le retrait de ses troupes de Syrie – elle y est pourtant toujours présente.