Avec notre correspondant à Jérusalem, Guilhem Delteil
Lorsqu'en 2000, le parti d'extrême droite autrichien ÖVP était entré au gouvernement, Israël avait rappelé son ambassadeur à Vienne. Le pays maintenait un cordon sanitaire à l'égard de l'extrême droite européenne, jugée héritière des partis ayant exterminé les juifs durant la Seconde Guerre mondiale.
Dix-huit ans plus tard, Benyamin Netanyahu considère l'extrême droite comme son meilleur allié en Europe. Le Premier ministre israélien ne cache pas son aversion pour l'Union européenne, estimant qu'elle devrait s'aligner sur les positions des gouvernements populistes. Et il vante notamment la politique du chef du gouvernement hongrois, Viktor Orban, bête noire de Bruxelles.
Comme les autres dirigeants européens d'extrême droite, Matteo Salvini se veut un ami d'Israël. Au cours de cette visite, il entend, dit-il, renforcer les liens entre les deux pays. Et il se démarquera de l'antisémitisme en se rendant au mémorial de la Shoah. Mais sa venue reste controversée.
S'il est reçu par Benyamin Netanyahu et deux de ses ministres, celui qui affiche une nostalgie de l'Italie fasciste de Mussolini ne rencontrera pas le président israélien. Officiellement, Reuven Rivlin a un agenda trop chargé. Mais le président a déclaré : « nous rejetons l'antisémitisme, même lorsqu'il se cache derrière la feuille de vigne d'un soutien et d'un amour pour l'Etat d'Israël ». Des propos qui ne désignent personne nommément mais prononcés à la veille de l'arrivée de Matteo Salvini.