Yémen: à Hodeida, les civils pris entre deux feux

Des centaines de personnes sont mortes ces derniers jours à Hodeïda, au Yémen. La ville portuaire est soumise à d'intenses combats entre forces pro-gouvernementales, soutenues par une coalition sous commandement saoudien, et les rebelles houthis qui tiennent la cité. Les civils, eux, sont pris au piège.

« L'escalade qui a commencé début novembre se traduit par une avancée rapide des troupes de la coalition menée par l'Arabie saoudite, autour de la ville », explique Hassan Baja, en charge de la sécurité de Save The Children.

Une avancée qui vise le port d’Hodeida. « La ville est entièrement encerclée par les troupes saoudiennes et émiraties de la coalition, par le sud, par l'est et maintenant les soldats essaient de fermer la ville pour s'approcher du port », résume le responsable de la sécurité de l’ONG.

Mais si l’objectif est le port, pour le moment, « les affrontements se déroulent dans les faubourgs de la ville ». Quant aux zones résidentielles « où la population vit », elles ne sont « pas au cœur des combats mais elles n'en sont pas loin ».

Hassan Baja alerte donc sur le danger qui pèse sur les habitants dès qu’il s’agit de sortir de chez eux. « Lorsqu'ils se déplacent, ils risquent d'être atteints par des tirs environnants. Donc on a des gens qui sont blessés par ces tirs. C'est surtout ça le danger. »

Bombardements de la coalition

Mais outre les combats de rue, les bombardements aussi mettent en danger la population. La coalition arabe mène d’importantes frappes aériennes pour déloger les rebelles. Et les structures de la ville en sont parfois affectées.

« Les bombardements ont été très violents et ils ont surtout ciblé le secteur de l’hôpital de la Révolution, explique Manel Qaïd, une habitante de Hodeïda. Les patients et le personnel médical ont dû être évacués. L’hôpital n’a pas été délibérément bombardé mais il se trouve qu’il est sur la côte non loin des positions des Houthis. On pense que l’aviation voulait bombarder les barricades des Houthis mais comme les frappes sont très intenses tout le secteur de l’hôpital a été touché. »

Manel Qaïd décrit « des explosions et des éclats d’obus et de bombes sur des kilomètres ». L’habitante décrit aussi l’atmosphère de terreur qui règne dans Hodeida. « Lorsque les bombardements ont cessé, je me suis rendu à l’hôpital et il ne restait plus personne, je n’en croyais pas mes yeux. Ici les gens sont terrorisés par les frappes aériennes. Dès que nous entendons un avion, nous nous réfugions dans nos maisons. Nous avons peur des éclats d’obus. »

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