Avec notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette
Jean-Yves Le Drian a « dépassé les bornes », a dit son homologue turc lundi 12 novembre après l'interview du ministre français des Affaires étrangères. « Irrespectueux, a encore insisté Mevlüt Cavusoglu, le ministre français doit apprendre à s'adresser aux présidents étrangers, qu'ont-ils donc à cacher, pourquoi veulent-ils étouffer cette affaire », a-t-il demandé.
Ankara est en colère, alors que jusqu'ici le pouvoir turc entendait compter sur ses alliés occidentaux pour mettre la pression sur Riyad, et alors que le président Recep Tayyip Erdogan rentre tout juste de France, où il a assisté aux commémorations du 11-Novembre.
Dans cette mésentente avec Paris, le palais présidentiel à Ankara a tout de même pu s'appuyer sur le Premier ministre canadien : Justin Trudeau a lui confirmé avoir reçu des enregistrements des services de renseignements turcs. Ce qu’un officiel de la présidence n'a pas manqué de relever lundi 12 pour prouver que les enregistrements du meurtre de Jamal Khashoggi existent et qu'ils incriminent le pouvoir saoudien.
Ces enregistrements avaient déjà été évoqués en octobre par la presse turque, et dont l'existence a été confirmée samedi 10, par M. Erdogan.
Paris déplore un « malentendu »
Le Quai d'Orsay parle de « malentendu », tout en expliquant que le ministre a voulu ainsi dire qu'il n'avait pas reçu d'informations turques permettant d'établir la « vérité complète » dans l'affaire Khashoggi, en l'occurrence sur les circonstances et les responsables de ce meurtre.