Les combats dans la ville ont été particulièrement meurtriers vendredi, avec une forte résistance des rebelles Houthis. Ils tentent par tous les moyens de ralentir la progression des forces progouvernementales, qui cherchent à reconquérir Hodeida depuis juin.
Pour la première fois jeudi, les troupes loyalistes, soutenues par les raids de l'aviation saoudienne, sont entrées dans la cité où elles ont progressé de quelques kilomètres en direction du port.
En riposte, les rebelles houthis ont intensifié leurs contre-attaques pour ralentir leur avancée. Les responsables militaires progouvernementaux disent faire face à de tirs d’obus, mais aussi de tranchées, de mines et de snipers positionnés sur les toits et derrière de grands panneaux publicitaires.
Barricadés derrière des conteneurs remplis de débris, à bord de véhicules lourdement armés ou parfois même à pied, les loyalistes avancent dans des rues de la ville au milieu de tirs de mitrailleuses et de bruits incessants d'explosions, selon un correspondant de l'AFP.
Intensification depuis le 1er novembre
Les combats des dernières 24 heures à Hodeida ont fait 110 morts parmi les rebelles, selon des sources médicales. Un responsable militaire des forces loyalistes a de son côté fait état de 22 morts parmi les combattants progouvernementaux. Ce nouveau bilan porte à 382 le nombre de combattants des deux camps à avoir été tués depuis l'intensification le 1er novembre de la bataille de Hodeida.
Une récente flambée de violence que Radhya al-Mutawakel, de l'organisation de défense des droits de l'homme Mwatana basée à Sanaa, estime être liée aux pressions internationales visant à mettre fin au conflit. « Cela veut dire qu'ils prennent ces appels très au sérieux. Ils savent qu'il y a vraiment une possibilité d'arrêter la guerre. Donc avant cela, chacun des belligérants - les Saoudiens et les Houthis - essaie de marquer des points sur le terrain avant d'aller à des discussions de paix. Peut-être qu'aucun des belligérants n'est prêt à cela, ni les Saoudiens, ni les Houthis, mais ils sont prêts à y être encouragés ! »
La militante explique que le statu quo sur le terrain est propice à faire jouer la carte diplomatique. « Il y a un équilibre des faiblesses : aucun belligérant n'est parvenu à une victoire militaire et ils n'arrivent même pas à gérer les régions qu'ils contrôlent. Donc ils sont assez faibles pour qu'on fasse pression sur eux, afin qu'ils s'assoient à la table des négociations. »
Radhya al-Mutawakel estime que les alliés de Riyad peuvent faire bouger les lignes. « Seule la pression peut fonctionner, particulièrement si elle est exercée par les alliées de l'Arabie saoudite : les États-Unis, le Royaume-Uni, la France. Ceux qui vendent des armes aux Saoudiens. Ils ont toujours dit qu'ils ne savaient pas comment faire pression sur les Saoudiens, mais après l'affaire Khashoggi nous découvrons qu'ils le peuvent beaucoup ! Donc oui, la pression peut faire toute la différence. »