Municipales en Israël: à Beït Shemesh, les ultra-orthodoxes boudent les rabbins

Beaucoup de regards en Israël se sont tournés ces dernières heures vers la ville de Beït Shemesh. La commune n'est pas l'une des plus grandes du pays - elle compte un peu plus de 100 000 habitants -, mais l'issue du scrutin municipal de mardi 30 octobre était très serrée. Les résultats déclarés dans la nuit du 31 octobre annoncent la victoire d’une candidate nationaliste religieuse, battant le maire sortant, membre de la communauté ultra-orthodoxe. Et si cette élection intéressait autant, c'est qu'elle traduit une certaine évolution de l'électorat ultra-orthodoxe.

Avec notre correspondant à Jérusalem, Guilhem Delteil

Habituellement, les hommes et femmes ultra-orthodoxes sont un électorat répondant aux appels des rabbins à aller voter et suivant les recommandations de leurs chefs religieux. Mais la victoire d’Aliza Bloch à Beït Shemesh marque un certain changement dans les comportements électoraux. Dans une ville où la communauté ultra-orthodoxe est devenue au fil des ans la plus importante, les consignes de vote des rabbins n'ont pas été totalement respectées : ils avaient apporté leur soutien au maire sortant Moshe Abutbul.

Une rare prise de distance dans cette communauté très religieuse qui s’explique par des facteurs locaux : le maire sortant s’est vu reprocher sa mauvaise gestion de la ville et son désintérêt pour l’un des quartiers ultra-orthodoxes de la commune.

Mais ce vote est peut-être aussi le signe d'une émancipation croissante de toute une frange de cette communauté très religieuse. Les ultra-orthodoxes qui passent leur journée à étudier la Torah restent fidèles aux avis des rabbins, mais ceux qui intègrent le marché du travail se fondent davantage avec le reste de la société. Et leur nombre augmente: en 2016, plus de la moitié des membres de cette communauté avaient un emploi.

Reste que cette limite à l'influence des rabbins demeure relative. Si Beit Shemesh est une première, elle n'en est pas moins unique. Dans les autres villes, les ultra-orthodoxes ont suivi le choix de leurs chefs religieux.

Partager :