Avec notre correspondant à Jérusalem, Guilhem Delteil
Habituellement, les hommes et femmes ultra-orthodoxes sont un électorat répondant aux appels des rabbins à aller voter et suivant les recommandations de leurs chefs religieux. Mais la victoire d’Aliza Bloch à Beït Shemesh marque un certain changement dans les comportements électoraux. Dans une ville où la communauté ultra-orthodoxe est devenue au fil des ans la plus importante, les consignes de vote des rabbins n'ont pas été totalement respectées : ils avaient apporté leur soutien au maire sortant Moshe Abutbul.
Une rare prise de distance dans cette communauté très religieuse qui s’explique par des facteurs locaux : le maire sortant s’est vu reprocher sa mauvaise gestion de la ville et son désintérêt pour l’un des quartiers ultra-orthodoxes de la commune.
Mais ce vote est peut-être aussi le signe d'une émancipation croissante de toute une frange de cette communauté très religieuse. Les ultra-orthodoxes qui passent leur journée à étudier la Torah restent fidèles aux avis des rabbins, mais ceux qui intègrent le marché du travail se fondent davantage avec le reste de la société. Et leur nombre augmente: en 2016, plus de la moitié des membres de cette communauté avaient un emploi.
Reste que cette limite à l'influence des rabbins demeure relative. Si Beit Shemesh est une première, elle n'en est pas moins unique. Dans les autres villes, les ultra-orthodoxes ont suivi le choix de leurs chefs religieux.