Avec notre correspondante à Beyrouth, Laure Stephan
Dans le camp As-Salam, à Ersal, des enfants jouent dans les allées de terre. Près d’une tente, un pick-up à l’immatriculation syrienne : celui avec lequel Sawsan et sa famille s’apprêtent à rentrer en Syrie, dans leur région du Qalamoun, sous contrôle gouvernemental.
« Vivre sous une tente, ce n’est pas une vie. Et puis on entend que des propriétés vont être saisies [en Syrie, à cause de la loi 10, Ndlr]. Alors mon mari veut partir, pour sauver la maison et les terres. On a envie de rentrer chez nous, et en même temps on a très peur ».
A quelques tentes de là, Abou Yasser, un réfugié, veut aussi rentrer par peur de perdre ses terres. Aida, une veuve, compte partir, car elle ne reçoit plus d’aide internationale.
Saliha Fliti, une Libanaise qui travaille dans une ONG, explique comment ces retours ont été discutés : « Des cheikhs ou des notables du Qalamoun sont venus ici, demander qui voulait rentrer, pour leur permettre de revenir légalement [en Syrie]. Les réfugiés veulent rentrer en toute sécurité. Et en même temps, il y a cette menace de spoliation des terres. Ils sont dans une position très difficile ».
Selon Abou Ahmed, réfugié syrien et chef du camp As-Salam, seuls ceux qui peuvent subvenir à leurs besoins en Syrie sont candidats au retour : « S’il n’y a pas de protection internationale, les autres réfugiés ne rentreront pas. Les familles qui partent, soit n’ont pas de fils demandé pour servir dans l’armée, soit comptent le laisser au Liban. ».
Par peur pour leur sécurité, ou parce que leur maison est en ruines, beaucoup de réfugiés dans ce camp excluent de repartir aujourd’hui dans le Qalamoun.