Vendredi, un décret royal avait gelé une mesure visant à augmenter pour la 5e fois cette année le prix de l'essence et du diesel. Mais ce geste du pouvoir n’a pas suffi à calmer la colère des Jordaniens, déjà accablés par la cherté de la vie. Ils continuent de sortir manifester chaque soir après la rupture du jeûne de Ramadan.
La hausse de l’impôt prévue, entre autres, par ce projet de loi fiscale est la dernière réforme en date pour répondre aux exigences du FMI, qui fournit une aide de 723 millions de dollars au pays. Car en échange de cette aide financière, approuvée en 2016, le pays s'était engagé à mettre en place des réformes structurelles et à réduire progressivement sa dette publique à 77% du PIB d'ici 2021, contre 94% en 2015.
Le plan d'austérité passe mal
Mais ce plan d’austérité passe mal pour la population, dont la situation économique ne cesse de se dégrader. Jamais la capitale Amman n'a autant mérité le titre de ville la plus chère du monde arabe. En début d'année, les subventions sur le pain ont été rognées. Le prix du carburant a augmenté à cinq reprises depuis le début de l'année, alors que les factures d'électricité ont connu une hausse de 55% depuis février.
La pauvreté progresse en même temps que la colère contre le gouvernement. Et ces mesures passent d'autant plus mal que le contexte régional rend la situation intenable. Guerre en Syrie, en Irak... les populations réfugiées augmentent et se fixent dans le pays.
Une colère qui pourrait aider le roi
Paradoxalement, cette colère populaire pourrait aider le roi Abdallah à faire entendre son message concernant l'aide internationale. En 2017, les voisins du Golfe ont mis fin à un plan de soutien économique qui permettait au pays de faire face.
Sans oublier que Amman est directement affecté par la baisse des financements de l'UNRWA, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens qui constituent 1/5e de la population jordanienne.