Avec nos envoyés spéciaux à Bagdad, Sami Boukhelifa et Richard Riffonneau
Les Irakiens ont commencé à voter ce samedi matin, en se rendant à pied dans les bureaux de vote. Après le couvre-feu de cette nuit, la circulation est interdite ce samedi et le restera jusqu’à minuit. Mais à la mi-journée, la ville était déserte.
Généralement, la participation est la plus forte en début d’après-midi, confiait ce matin la responsable du bureau de l’école Dijla, au centre de Bagdad. Mais à la mi-journée, il y avait davantage de policiers et de militaires que d’électeurs dans les centres de vote.
Un important dispositif sécuritaire a été mis en place : barbelés,contrôles d’identité à chaque carrefour et fouilles au corps systématique plusieurs dizaines de mètres avant l’arrivée dans les centres de vote. Les menaces du groupe Etat islamique battu en Irak mais pas totalement éradiqué, sont prises très au sérieux. Mais les autorités se retrouvent face à un dilemme : la ville est paralysée et le taux de participation très bas.
L’index de la main droite noirci par l’encre, preuve de participation, les quelques électeurs rencontrés sont fiers d’avoir accompli un « devoir », disent-ils. C'est le cas par exemple de Qassem Jaafar, qui a glissé le bulletin dans l'urne dès l'ouverture de son bureau : « A chaque nouvelle élection, il y a beaucoup d’espoir et d’engouement. J’essaye de convaincre les gens d’aller voter. Je me dis que cela aidera mon pays à aller de l’avant. »
Cartes politiques rebattues
Qassem Jaafar estime que ce vote est crucial aujourd'hui. « Je pense que ce scrutin est un tournant et il y a plusieurs raisons à cela. Les partis politiques ont dépassé les clivages traditionnels. Je suis séduit par leurs programmes. C’est vraiment important ce qui se passe en Irak, je tiens encore une fois à le souligner : les partis ont constitué des alliances hétéroclites et ont tourné la page des divergences confessionnelles et régionales. Aujourd’hui la priorité c’est notre nation. »
En effet, pour la première fois dans l’histoire du pays, les cartes politiques sont rebattues. Fini les partis traditionnels sectaires, des alliances inédites sont formées. Autrefois frères ennemis par exemple, les sunnites et les chiites mettent de côté leurs divergences du passé et forment même des coalitions désormais.
Ces législatives sont importantes pour un pays qui essaie de se relever après 15 années de guerre, de conflits confessionnels et de terrorisme, depuis 2003 et l’invasion américaine.
Selon la commission électorale, les 8 443 bureaux de vote fermeront à 18h (15h TU) pour un scrutin qui doit départager 87 listes dans les 18 gouvernorats. Les 329 sièges de députés seront attribués proportionnellement au nombre de voix et les candidats élus en fonction de leur position sur les listes.
Les premiers résultats devraient être connus au plus tôt mardi.