En Jordanie, l’accès au marché du travail reste très difficile pour les femmes

Ils étaient quelques centaines, seulement, à manifester jeudi 3 mai pour demander l’égalité entre les hommes et les femmes. En Jordanie, des citoyens et des citoyennes ont marché dans Amman, la capitale, et manifesté devant le Parlement pour réclamer des mesures afin d’octroyer davantage de droits aux femmes et de faciliter leur participation à la vie économique. L’enjeu principal étant l’accès au marché du travail.

Avec notre correspondant à Amman, Jérôme Boruszewski

L’un de plus grands problèmes est le taux de participation des femmes au marché du travail, qui est très bas en Jordanie : environ 15 %. Cela signifie que seulement 15 % des femmes en âge de travailler ont un emploi ou sont à la recherche d’un emploi ; en d’autres termes, les autres, soit 85 % des femmes, n’ont pas de travail et n’en recherchent pas.

Ce qui est très frappant en Jordanie. Car on ne rencontre pas souvent de femmes de ménage dans les hôtels, de serveuses dans les restaurants, de femmes politiques dans les réunions des partis politiques, ou encore de femmes ingénieures dans les couloirs du syndicat des ingénieurs à Amman, par exemple.

La Jordanie est d’ailleurs classée à la 135ème place sur 144 pays étudiés dans le classement du Forum mondial économique selon l’écart entre les sexes. Le pays a même reculé dans ce classement au cours des dix dernières années. Dans cette étude, la Jordanie obtient également de mauvaises notes en ce qui concerne la participation des femmes à la vie politique : il n’y a aujourd’hui que 20 femmes à la chambre basse du Parlement, qui compte 130 sièges. La plupart de ces femmes y sont entrées parce qu’il y a un quota qui leur réserve 15 sièges. En 2016, les députés avaient débattu de ce quota et essayé de le porter à 23 sièges, pour féminiser l’institution. Mais la proposition avait été rejetée.

Le poids des traditions

Les femmes jordaniennes ont un accès très restreint au marché du travail, bien que la plupart d’entre elles aient un diplôme universitaire, d’après le département des statistiques du pays. C’est en réalité le poids des traditions qui les empêche de poursuivre leur activité après leurs études. Après le mariage ou un enfant, elles cessent souvent de travailler.

La recherche d’emploi est beaucoup plus difficile, également : le taux de chômage féminin y est de 30 %, soit 13 points de plus que pour la population active totale (17%). Elles font donc face à des freins à l’embauche très importants.

Faire bouger les lignes

Les autorités essaient pourtant d’y remédier. En février dernier, le Parlement a amendé le Code du travail pour introduire l’égalité de salaire entre les hommes et les femmes et pour mettre en place des garderies dans les entreprises de plus de 15 salariées. Il s’agit là d’une revendication importante puisque les études ont montré que les questions de garde des jeunes enfants constituaient un frein très important à l’emploi des femmes.

En mars, le Parlement a également adopté le système des horaires flexibles dans les entreprises, afin de permettre à des femmes qui ont des enfants d’adapter leurs horaires de travail… mais seulement avec l’accord de leur employeur.

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