Avec notre correspondante à New York, Marie Bourreau
Cela a été exprimé de manière très claire un peu plus tôt dans la journée de vendredi par le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, qui a annoncé qu’il retardait son départ pour l’Arabie saoudite pour gérer les suites de l’opération militaire. La Russie a demandé en urgence une réunion du Conseil de sécurité qui se tiendra à 15 heures (TU).
Vladimir Poutine a dénoncé « avec la plus grande fermeté » les frappes menées par les Etats-Unis et leurs alliés. Moscou va demander publiquement des comptes aux trois Etats membres qui ont conduit des frappes cette nuit. La Russie a des arguments pour cela puisque Paris, Washington et Londres se sont passés d’un mandat de l’ONU pour mener leur riposte militaire.
A l'ONU, la valeur morale n'a aucune valeur légale
Les trois capitales pourront aussi difficilement convaincre que ces frappes se justifiaient par la légitime défense, comme François Hollande l’avait fait par exemple à la suite de l’attentat contre le Bataclan en 2015. A moyen terme, le Conseil pourrait relancer des négociations pour un mécanisme d’enquête sur les armes chimiques. António Guterres l’a appelé dans son communiqué, mais cela dépendra de la Russie et il faudra voir si Moscou cherche la voie de l’apaisement.
La question de la légalité de ces frappes s’était posée depuis leur évocation il y a une semaine. L'argument des trois Etats membres était le suivant : avoir un impératif moral à rétablir une ligne rouge sur l’usage de ces armes chimiques. Mais à l’ONU, cette valeur morale n’a aucune valeur légale. Le secrétaire général, António Guterres, l’a précisé dans son communiqué.
Il reconnait le caractère abject des armes chimiques mais il demande aux Etats membres d’agir en conformité avec la charte de l’ONU et le droit international, et surtout de faire preuve de retenue pour éviter une escalade de la situation. C'est ce que craignent l'ONU et son secrétaire général.