Syrie: la guerre des nerfs se poursuit

Les Etats-Unis poursuivaient ce vendredi leurs consultations avec leurs alliés sur les frappes punitives en Syrie promises par Donald Trump après l'attaque chimique présumée à Douma, le 7 avril. L'armée russe accuse Londres d'avoir participé à la mise en scène de l'attaque chimique présumée. Poutine a mis en garde vendredi Emmanuel Macron contre tout « acte irréfléchi et dangereux». Theresa May et Emmanuel Macron travaillent ensemble sur la «réponse internationale», a annoncé un porte-parole du 10 Downing Street. Le secrétaire général de l'ONU met en garde contre « une escalade militaire globale ».

Les Occidentaux semblent désormais temporiser face aux craintes d'une « escalade militaire totale », comme l'a exprimé ce vendredi le secrétaire général de l'ONU António Guterres lors d'une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la Syrie. Les Etats-Unis continuent de s'entretenir avec leurs alliés et les réunions se poursuivent à la Maison Blanche.

Après ses tweets va-t-en-guerre annonçant des frappes imminentes, le président Donald Trump n'avait ainsi toujours pas pris de « décision finale » ce vendredi, a indiqué l'ambassadrice des Etats-Unis auprès de l'ONU Nikki Haley. Et dans un entretien avec son homologue russe Vladimir Poutine, le président français Emmanuel Macron a dit souhaiter que la concertation « s'intensifie » entre Paris et Moscou, afin de « ramener la paix et la stabilité » en Syrie.

Poutine met en garde Macron

Soutien indéfectible du régime Assad, Vladimir Poutine a quant à lui mis en garde Emmanuel Macron contre tout « acte irréfléchi et dangereux » qui pourrait avoir des « conséquences imprévisibles ». Et à l'ONU, Damas a également prévenu : si elle est attaquée, elle « n'aura d'autre choix » que de se défendre. « Ceci n'est pas une menace. C'est une promesse », a déclaré l'ambassadeur syrien auprès des Nations unies, Bachar al-Jaafari.

Le département d'Etat américain affirme avoir la preuve que des armes chimiques ont été utilisées lors de l'attaque à Douma le 7 avril. « L'attaque a eu lieu samedi et nous savons avec certitude qu'il s'agissait d'une arme chimique », a affirmé sa porte-parole Heather Nauert lors d'un point presse. Interrogée par les journalistes pour savoir si les Etats-Unis avaient la preuve que l'attaque avait été menée par le régime d'Assad, Heather Nauert a répondu par l'affirmative.

Attaque présumée: la Maison Blanche évoque une forte conviction sans parler de preuve tangible

La Maison Blanche, elle, n’évoque qu’une forte conviction sans parler de preuve tangible. « Nous sommes persuadés que la Syrie a une responsabilité dans cette attaque chimique, mais nous tenons aussi les Russes responsables de leur incapacité à empêcher que les attaques chimiques se déroulent », a déclaré la porte-parole de la présidence Sarah Sanders.

L'armée russe accuse le Royaume-Uni

Mais Moscou, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, dénonce toujours une « mise en scène » à laquelle ont participé les « services spéciaux » d'un Etat désigné comme « russophobe ». L'armée russe va même plus loin en n'hésitant pas à nommer l'Etat en question. Pour elle, c'est le Royaume-Uni qui est derrière cette prétendue machination.

« Nous savons avec certitude que du 3 au 6 avril, des pressions venant de Londres ont été exercées sur les représentants des soi-disant casques blancs pour mettre en place rapidement cette provocation préparée à l'avance », a affirmé le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov.

Au cours d’une conférence de presse, ce dernier a diffusé une vidéo montrant deux Syriens, présentés comme des employés des urgences de l'hôpital de Douma. Selon leurs témoignages, cités par Igor Konachenkov et impossibles à vérifier, les blessés soignés ce jour-là ne présentaient pas de signe d'empoisonnement, mais des gens accompagnés de caméras ont soudain investi les lieux et ont commencé à arroser tout le monde d'eau, parlant d'une attaque chimique et semant la panique.

Des déclarations auxquelles l'ambassadrice du Royaume-Uni après de l'ONU, Karen Pierce a rapidement répondu. « C'est grotesque. C'est un mensonge flagrant. C'est l'une des pires fausses informations de la machine à propagande russe. La Grande-Bretagne n'est aucunement impliquée et ne sera jamais impliquée dans l'utilisation d'une arme chimique », s'est-elle défendue.

Des inspecteurs de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) sont attendus sur place ce samedi.

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